01/09/2016
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Quel sera l'écart entre les USA et ses adversaires lors de la Coupe du Monde 2019 en Chine ?

RIO DE JANEIRO (Rio 2016 Olympic Games) - Après leur cuisant échec à la Coupe du Monde 2002 à Indianapolis et leurs trois matches perdus aux JO d'Athènes en 2004, dont ils sont tout de même revenus avec une médaille de bronze, les USA ont pris le temps de se regarder dans le mirroir.

Ils se sont dit : "Il nous faut absolument nous ressaisir."

Les résultats ne se sont pas fait attendre. Avec l'arrivée en 2005 de Jerry Colangelo à la tête administrative de l'équipe nationale et son choix de confier les destinés de la sélection à l'emblématique Mike Krzyzewski, de l'Université de Duke, l'équipe masculine a enchaîné avec une décennie de domination qui ne semblait plus possible il y a 12 ans. Les USA ont remporté trois médailles d'or olympiques (2008, 2012 et 2016), deux Coupes du Monde (2010 et 2014), une médaille de bronze à la Coupe du Monde 2006 et un titre de champions des Amériques en 2007.

Au sortir du large succès (96-66) des USA contre la Serbie en finale des JO, 96-66, Colangelo s'est exprimé à propos de l'écart existant entre son pays et ses poursuivants.

"Je suis pour l'amélioration de la qualité générale du basketball," dit Colangelo à 'The Vertical'. "Je suis évidemment favorable à l'augmentation de l'intérêt suscité par le basket à tous les niveaux. Je suis un passionné. Le basketball est le sport No.2 dans le monde. Il faut juste que les autres nations se mobilisent encore plus et deviennent plus compétitives. Je ne vais pas m'excuser par rapport à l'écart actuel.

"Un officiel m'a dit, 'Vous devriez jouer à quatre.' J'ai répondu, 'Non, peut-être que ce sont les autres équipes qui devraient s'entraîner plus fort pour rivaliser avec nous.' Nous contribuons depuis plus de 50 ans à l'essor global du basket. Nous avons enseigné aux autres ce sport. Nous avons formé leurs coaches. Regardez le nombre de joueurs internationaux en NBA et dans les universités américaines. Nous sommes favorables à tout ça. Je veux voir nos adversaires progresser."

 

D'ici la Coupe du Monde 2019 en Chine, qu'entreprendront les autres pays pour essayer de mettre un terme à la domination des Américains ? Le futur le dira.

Comment Colangelo s'y est-il pris pour remettre les USA à leur juste place ? Il a mis sur pied un vrai programme, car il n'y en avait pas avant. Il a fait de Las Vegas la base du Team USA et il a créé une sélection ('Select team') avec les jeunes joueurs qui ont le potentiel d'intégrer l'équipe nationale.

Lorsque les médaillés d'or de 2012 Anthony DavisJames Harden et LeBron James, ainsi que le double vainqueur de la Coupe du Monde (2010 et 2014) Stephen Curry ont décidé de faire l'impasse cet été, la porte s'est alors ouverte pour ceux qui faisaient partie de la 'Select team' ou qui avaient porté le maillot des USA en sélection jeunesse.

DeAndre Jordan, le pivot des Los Angeles Clippers, avait joué pour les USA au Championnat du Monde U19 de 2007. Il n'avait encore jamais intégré l'équipe senior. Jordan a gagné sa place dans la formation présente à Rio et son impact a été capital, notamment en demi-finale contre l'Espagne, terminant la rencontre avec 9 points, 16 rebonds et 4 contres.


Jordan a démontré toute l'importance du programme national américain

Bon, peut-être que Colangelo ne pensait pas à une nation comme l'Espagne quand il disait estimer que le reste du monde devait travailler beaucoup plus dur. Les Espagnols ont donné beaucoup de fil à retordre aux Américains, ne s'inclinant que 82-76. Et cela sans leur pivot All-Star NBA Marc Gasol, incapable de récupérer à temps d'une blessure à un pied pour figurer aux JO.

Sergio Scariolo, le coach de l'Espagne, avait tactiquement vu juste contre les USA. 

"Nous avons tout donné," lâche l'Italien. "Nous avons bien défendu, en essayant de les perturber un peu, et nous avons réussi à faire baisser leur total de points par rapport à leur moyenne.

"Mais d'un autre côté, leurs impressionnantes qualités athlétiques ont aussi fait chuter le notre. Aux rebonds, aux contres (7-1), ils nous ont surpassé et nous ont rendu les choses très compliquées.

"Nous devons être fiers de la prestation de nos joueurs. Nous avons lutté jusqu'au bout, nous n'avons jamais abandonné. Nous avons tenté de les gêner et, par moments, nous y sommes parvenus.

"Mais ils ont beaucoup de joueurs talentueux et ils étaient ici en mission pour défendre (leur titre). Ils étaient très concentrés sur leur match, mais on a quand même pu sentir dès le début un peu de nervosité."


L'avantage physique des USA a été primordial dans le match contre l'Espagne

Mais l'appel de Colangelo lancé aux autres nations reste justifié. La Lituanie, par exemple, a régressé de manière inexplicable à Rio. Le pivot NBA Jonas Valanciunas n'a jamais été dans le rythme. Les finalistes de l'EuroBasket 2015 ont perdu de 50 points contre l'Espagne durant le tour préliminaire !

L'Australie semblait bien en place jusqu'à sa demi-finale ratée contre la Serbie, lui ôtant tout espoir de défier une seconde fois les USA. Ces derniers n'avaient gagné que de 10 points le premier match contre les Boomers.

Les Australiens, aussi bons fussent-ils dans sept de leur huit matches olympiques, doivent impérativement remettre l'ouvrage sur le métier afin d'éviter une future désillusion comme cette défaite contre la Serbie en demi-finale. Les Serbes menaient déjà 35-14 à la mi-temps et se sont finalement imposés 87-61.


Les Australiens, sous le choc, contre la Serbie

Le Nigeria a une belle marge de progression. La perte de leur star NBA Al-Farouq Aminu juste avant le début des JO pour une question d'assurance a été difficile à encaisser pour les D'Tigers. Et pourquoi le pivot NBA Festus Ezeli n'était pas là ? Au-delà du match contre l'Argentine, les Nigérians ont démontré qu'ils avaient du potentiel.

La France doit faire bien mieux. Comment cette équipe, qui n'a perdu que de trois points contre les USA dans leur rencontre du Groupe A, a-t-elle pu pareillement sombrer en quart de finale contre l'Espagne ? Les Bleus ont les qualités athlétiques pour rivaliser avec les Américains. Ils ont manqué le coche.

Si le Brésil n'avait pas eu à se passer des services d'Anderson Varejao et Tiago Splitter, blessés, il se serait probablement qualifié au moins pour les quarts de finale. Les Brésiliens, souvenez-vous, avaient été tout près de renverser les USA à la Coupe du Monde 2010. Mais qu'est-il arrivé au distributeur NBA Raulzinho Neto, transparent à Rio ?

Si les critiques de Colangelo blessent l'amour-propre de certains, tant mieux. C'est cet homme qui, lorsque les USA n'étaient pas au mieux, a su pointer du doigt les lacunes de la sélection américaine et qui a entrepris les réformes nécessaires pour replacer son pays au sommet de la hiérarchie mondiale. Ses propos serviront peut-être de détonateurs pour amener les autres nations au maximum de leurs possibilités.

FIBA