Les camps BWB, une étape parfois décisive dans une carrière
Mais avant que 26 des joueurs les plus célèbres de la planète ne s'affrontent lors du match de dimanche - sans oublier les 20 qui disputeront vendredi le 'Rising Stars game' - 63 potentielles futures stars, des filles et des garçons venant de 31 pays, participeront à la cinquième édition annuelle du 'Basketball Without Borders (BWB) Global Camp', qui aura lieu de vendredi à dimanche sur le campus de la Queens University of Charlotte.
Partenariat pour le développement à l'échelle mondiale et l'aide communautaire entre la NBA et la FIBA, le BWB a été organisé chaque année depuis 2001, avec la tenue de déjà plus de 56 camps dans 35 villes de 28 pays et 6 continents. Destiné aux plus prometteurs basketteurs, le BWB a rassemblé plus de 3'300 jeunes issus de 129 pays et territoires.
Quatre participants au NBA All-Star 2019 sont passés par le BWB. Joel Embiid jouera le match principal dimanche, tandis que Deandre Ayton, Shai Gilgeous-Alexander et Lauri Markkanen seront opposés dans le 'Rising Stars game' de vendredi.
Le BWB a permis d'identifier et de développer de nombreux joueurs talentueux. Quelques 55 anciens campeurs ont été draftés ou signés par des franchises NBA depuis la toute première édition du BWB, il y a 18 ans. Au moment de lancer la saison 2018-19, il y avait 27 ex-BWB dans les contingents NBA.
En 2017, le Commissaire de la NBA Adam Silver et son adjoint Mark Tatum avaient assisté à un BWB Africa avec le regretté Secrétaire général de la FIBA Patrick Baumann
Deux d'entre eux, le Français Nic Batum et l'Espagnol Willy Hernangomez, jouent à Charlotte, la ville hôte de ce 'NBA All-Star'. Ils évoluent sous le maillot des Charlotte Hornets, la franchise dont le natif de Caroline du Nord et FIBA Hall of Famer Michael Jordan est le propriétaire.
Batum avait 16 ans lorsqu'il a pris part au BWB Europe en 2005.
"C'était énorme, parce que ce camp était comme une étape vers la NBA," dit le Français à FIBA.basketball. "Ça donne un avant-goût de la NBA. Tu es entouré de coachs NBA. Il y a des joueurs NBA qui t'encadrent. C'est une culture et un environnement différents de ce que tu as connu jusqu'alors."
L'alors très prometteur joueur du Mans avait été enchanté d'y participer.
"C'était un honneur d'être sélectionné pour y aller, car ça signifie que tu fais partie des 50 meilleurs de ta génération, des 50 meilleurs de ton continent," se souvient Batum.
Cela lui a donné la confiance pour travailler plus dur, "parce que ça te permet de voir où tu te situes par rapport aux autres gars de ton continent. Tu sais, tous les meilleurs, et à l'époque je n'étais pas parmi les tout meilleurs."
L'adolescent Batum avait aussi apprécié tous les à-côtés qui accompagnaient cette sélection : les habits, les chaussures, les sacs.
"Après tu retournes à la maison avec plein de trucs que tu portes alors pendant deux mois de suite," lâche-t-il avec un sourire en coin.
Désormais en NBA depuis 11 ans, avec en parallèle de nombreuses campagnes sous le maillot de la France senior à son actif depuis 2009, Batum a constamment les armoires remplies de nouveaux équipements.
Guillermo "Willy" Hernangomez avait aussi 16 ans lorsqu'il a participé au BWB Europe en 2011. Il disputait à ce moment-là seulement sa seconde saison comme basketteur.
"Cela avait été un formidable apprentissage. Nous avions adopté la mentalité NBA et nous nous entraînions dur. C'est une fantastique opportunité pour tous les jeunes (présents à Charlotte) désireux de progresser et d'avoir un jour une chance de jouer en NBA," dit l'intérieur de 2.11m.
Il se souvient de l'intensité du camp et du respect du sport qu'on lui a alors enseigné. Il avait notamment pu profiter des conseils de l'Espagnol Serge Ibaka et de Kenneth Faried, membre du '5 majeur' de la Coupe du Monde FIBA 2014 remportée par les USA.
"Cela m'a vraiment permis de mesurer tout le chemin à parcourir pour devenir pro, ne serait-ce qu'en Espagne," note Hernangomez.
C'est un avis que partage son coéquipier en équipe nationale Marc Gasol, qui a représenté son pays à des Coupes du Monde, des FIBA EuroBaskets et des Jeux olympiques.
"Cela avait alors été pour moi une expérience incroyable, belle," dit le triple NBA All-Star qui a participé au BWB Europe en 2003. "Tu te retrouves au milieu de tellement de types de gars différents. Tu peux voir qui sont les meilleurs de ton pays, d'Europe ou du monde, et où tu te situes par rapport à eux. Tu peux ainsi prendre conscience des efforts et des sacrifices qu'il te faut consentir."
Comme Batum, Gasol dit que le BWB Camp lui a donné la mesure du chemin qu'il lui restait à parcourir.
"Je me souviens aussi des gars que tout le monde voyait comme les stars de demain et qui ont disparu des radars depuis."
Il avance que c'est là qu'il a compris sur quoi et comment il devait travailler, "pas à pas, jour après jour, en donnant tout pour son équipe. Au final, ce sont ces choses qui font la différence. Si à cet âge-là tu penses que tu es le meilleur, et que tu n'as pas besoin de faire certains trucs, tu finiras par le payer."
Thon Maker et Frank Ntilikina au BWB Global 2016 (Crédit photo : NBAE)
Le Finlandais Lauri Markkanen (photo prinicpale de l'article), qui dispute sa seconde saison avec les Chicago Bulls, a été le fer de lance de son pays au FIBA EuroBasket 2017. Même si ses deux parents étaient des basketteurs pros en Finlande, il n'avait pas songé à suivre leurs traces avant de prendre part aux camps BWB Europe 2014 et Global 2015.
"À cette époque, je ne jouais au basket que pour le plaisir, j'avais de très bons amis qui le pratiquaient. Je n'aurais jamais imaginé que j'allais faire carrière, je voulais juste m'amuser," avoue-t-il.
Le BWB a tout changé.
"Cela m'a donné confiance. Je trouvais que j'avais été bon (au Global Camp). Beaucoup de bons joueurs, notamment Dragan Bender et Jamal Murray, sont actuellement en NBA. Je crois que c'est l'année après le 'All Star weekend', à l'automne, que j'ai quitté ma ville natale pour m'investir à fond dans le basket et que j'ai rejoint la NBA Academy. C'est évident que cela a joué un rôle primordial."
Comme ces joueurs internationaux qui ont réussi à faire le saut du BWB à la NBA peuvent en témoigner, l'honneur d'être sélectionné pour participer à un camp BWB ne suffit pas à lui seul pour faire carrière. Il faut s'en servir pour mesurer le chemin à parcourir et comprendre l'importance capitale d'une discipline sans faille, quelques-unes des conditions pour arriver à percer un jour.
La liste des anciens participants au Basketball Without Borders intégrés dans les effectifs NBA au début de la saison 2018-19 :
Joueur |
Camp(s) BWB |
Année(s) |
Nationalité |
Frnachise NBA actuelle |
Milos Teodosic |
Europe |
2001 |
Serbie |
LA Clippers |
Luc Mbah a Moute |
Africa |
2003 |
Cameroun |
LA Clippers |
Danilo Gallinari |
Europe |
2003 |
Italie |
LA Clippers |
Marc Gasol |
Europe |
2003 |
Espagne |
Toronto Raptors |
Marco Belinelli |
Europe |
2004 |
Italie |
San Antonio Spurs |
Nicolas Batum |
Europe |
2005 |
France |
Charlotte Hornets |
Omri Casspi |
Europe |
2005 |
Israël |
Memphis Grizzlies |
Tomas Satoransky |
Europe |
2007 |
République tchèque |
Washington Wizards |
Enes Kanter |
Europe |
2008 |
Turquie |
Portland Trailblazers |
Nikola Mirotic |
Europe |
2008 |
Monténégro |
Milwaukee Bucks |
Jonas Valanciunas |
Europe |
2008 |
Lituanie |
Memphis Grizzlies |
Kelly Olynyk |
Americas |
2009 |
Canada |
Miami Heat |
Gorgui Dieng |
Africa |
2009 |
Sénégal |
Minnesota Timberwolves |
Dario Saric |
Europe |
2010 |
Croatie |
Minnesota Timberwolves |
Joël Embiid |
Africa |
2011 |
Cameroun |
Philadelphia 76ers |
Guillermo Hernangomez |
Europe |
2011 |
Espagne |
Charlotte Hornets |
Pascal Siakam |
Africa |
2012 |
Cameroun |
Toronto Raptors |
Ante Zizic |
Europe |
2014 |
Croatie |
Cleveland Cavaliers |
Lauri Markkanen |
Europe, Global |
2014, 2015 |
Finlande |
Chicago Bulls |
Jamal Murray |
Global |
2015 |
Canada |
Denver Nuggets |
Kostas Antetokounmpo |
Africa |
2015 |
Grèce |
Dallas Mavericks |
Dragan Bender |
Global |
2015 |
Croatie |
Phoenix Suns |
Thon Maker |
Americas, Global |
2015, 2016 |
Soudan du Sud |
Detroit Pistons |
Frank Ntilikina |
Europe, Global |
2015, 2016 |
France |
New York Knicks |
Deandre Ayton |
Global |
2016 |
Bahamas |
Phoenix Suns |
Shai Gilgeous-Alexander |
Global |
2016 |
Canada |
LA Clippers |
Isaac Bonga |
Europe, Global |
2016, 2017 |
Allemagne |
Los Angeles Lakers |
En gras = participants au '2019 NBA All-Star Weekend'
Au moment du All-Star Weekend, cette liste des anciens participants au programme BWB s'est agrandie, puisque le Brésilien Bruno Caboclo a signé la semaine passée un contrat avec les Memphis Grizzlies portant sur la fin de la saison et la prochaine.
Seul le futur nous dira qui parmi ces jeunes joueuses et joueurs réussira à se faire une place en WNBA ou en NBA.
FIBA