25/05/2020
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''‘Nous allons mettre tout en œuvre pour faire de la Basketball Africa League une réalité'', Anibal Manave Président de FIBA Afrique

MAPUTO - À l'heure actuelle, huit clubs africains devraient se préparer pour la phase finale de la première édition de la Basketball Africa League (BAL), mais la pandémie de la COVID-19 est arrivée et la saison régulière de cette compétition très attendue n'a pas pu décoller.

Personne ne s'attendait à ce que quoi que ce soit puisse perturber ce que la plupart des gens pensent être un événement qui changerait la donne dans le basket-ball africain, mais deux semaines avant le début de la saison régulière, la BAL - un partenariat entre la FIBA et la National Basketball Association - a annoncé son report en raison de la pandémie de coronavirus.

La saison régulière de la BAL devait se dérouler de mars à mai dans six pays africains, le Final Four étant prévu pour le mois de juin dans la capitale rwandaise, Kigali.

Le président de FIBA Afrique, Anibal Manave, qui est également président du conseil d'administration de la BAL, a déclaré à FIBA.basketball qu'il était encore possible d'organiser la ligue cette année.

FIBA.basketball : Il est évident que le report du début de la saison inaugurale de la BAL constitue un revers pour cette ambitieuse initiative africaine. La BAL peut-elle devenir une réalité cette année ?

Anibal Manave (AM) : En tant qu'organisation, nous sommes actuellement confrontés à une situation très compliquée. Personne ne peut prédire l'avenir, et nous dépendons des directives de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et des autorités sanitaires. Mais il faut noter que certains pays [africains] commencent à assouplir leurs mesures de confinement, ce qui est un bon signe pour faire de la BAL une réalité cette année.

FIBA.basketball : Qu'est-ce qui vous rend si confiant dans l'organisation de la BAL cette année, même avec la situation actuelle de la COVID-19 qui affecte les douze pays d'où proviennent les équipes de la saison régulière de la BAL cette année ?

AM : Ce que nous devons faire, c'est reprendre le projet BAL dans les prochains mois, peut-être en septembre. Certains disent que la pandémie de la COVID-19 pourrait atteindre son pic en Afrique en septembre, mais il n'y a aucune preuve de cela, et la bonne nouvelle est que la plupart des pays continuent à lutter contre cette pandémie. Nous espérons que la première édition de la BAL aura lieu en 2020. Il est important de donner un signe de confiance à tous les acteurs concernés. Cela inclut les clubs, les fédérations locales, les sponsors et le public. Et la meilleure façon de leur donner confiance est de lancer la compétition.
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FIBA.basketball : Si la BAL doit avoir lieu cette année, il pourrait y avoir une surcharge de compétitions en Afrique étant donné que la deuxième fenêtre de qualification pour le FIBA AfroBasket 2021 doit avoir lieu en novembre.

AM : Nous suivons les décisions de certains pays africains pour voir quel type de format de BAL nous allons mettre en place. Nous avons trois scénarios : Un : Nous conservons le format original de la BAL (saison régulière dans six pays et phase finale au Rwanda) ; Deux : La BAL sera jouée dans deux pays, la conférence du Nil se déroulant dans un pays et la conférence du Sahara dans un autre. Les quatre meilleures équipes de chaque groupe accèdent à la phase finale au Rwanda ; Trois : Cette année, la BAL est jouée dans un pays pendant deux semaines, y compris la phase finale. Nous nous efforçons de trouver la meilleure façon de sortir de cette situation.

FIBA.basketball : Quelle a été la réaction des clubs face au climat actuel ?

AM : Il est important de mentionner que les 12 équipes de la BAL ont fait des investissements importants, ce qui montre que ces équipes ont compris et se sont engagées dans le projet BAL. A titre d'exemple, le Ferroviario de Maputo a recruté quatre joueurs étrangers de haut niveau pour une seule saison. Cela ne s'était jamais produit auparavant dans la longue histoire de ce club. Ils ont montré un intérêt énorme à participer à la première édition de la BAL, et c'est l'une des raisons pour lesquelles nous devons donner aux équipes une chance d'entrer dans l'histoire en tant que premiers joueurs de la BAL. Nous allons essayer de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour que la Basketball Africa League devienne une réalité cette année. Nous ne voulons pas l'annuler.
Ces équipes doivent continuer à croire au projet de la BAL. Ce n'est pas une situation facile pour nous et les sponsors car il y avait une certaine attente autour de la BAL, mais c'était une situation imprévue. Nous espérons continuer à travailler avec nos sponsors.


FIBA.basketball : Que faire si aucune solution n'est trouvée pour l'organisation de la saison régulière de la BAL dans les prochains mois ?

AM : Si nous n'organisons pas la BAL cette année, cela pourrait causer un réel préjudice aux finances des clubs. Personne ne veut que cela se produise. Les douze équipes et leurs pays respectifs continuent de réaffirmer leur intérêt pour la BAL cette année. Nous voulons évidemment que cela se fasse, mais nous voulons préserver le bien-être de tout le monde. Si la BAL devient impossible cette année, nous devrons certainement prendre une décision pour l'année prochaine.

FIBA.basketball : Il ne fait aucun doute que la Basketball Africa League est une belle initiative pour dynamiser le basket-ball sur le continent. Quelle est votre vision à long terme pour la discipline en Afrique ?

AM : La BAL est un bon moyen pour développer le basket-ball en Afrique, et elle pourrait propulser les équipes nationales africaines au niveau des compétitions mondiales (Coupe du monde et Jeux olympiques). La BAL est un excellent moyen de faire connaître nos joueurs à un public mondial. Nous sommes conscients que l'ancien format des compétitions des clubs africains était obsolète. Nous avons reçu des appels pour que FIBA Afrique revoit le format de cette compétition, ce qui a facilité notre décision d'adopter et d'aller de l'avant avec la BAL. Nous avions besoin d'une compétition qui pourrait se dérouler pendant trois ou quatre mois [contrairement à l'ancienne compétition d'une semaine]. Nous pensions à ce projet depuis longtemps.

FIBA.basketball : Pouvez-vous citer une des principales raisons qui ont entravé la bonne pratique du basket-ball en Afrique ces dernières années ?

AM : Le plus grand problème du basket-ball africain a été le manque de compétition. À l'exception de quelques uns, la plupart des pays africains ont un déficit de compétition en basket-ball, non seulement au niveau national mais aussi au niveau international. Comment peut-on avoir une équipe nationale compétitive si ses joueurs manquent de compétition au niveau national ? Il faut espérer que les choses seront différentes à l'avenir. La BAL est un projet intégré. Lorsque vous développez des clubs, vos équipes nationales deviennent meilleures. L'un de nos objectifs est de voir, dans huit ans, les équipes nationales africaines compétir pour une médaille à la Coupe du monde et aux Jeux olympiques.

NBA Africa Game 2015 s'est déroulé  à Johannesburg 

FIBA.basketball : Mais l'absence de compétition affecte la discipline à tous les niveaux.

AM : Absolument. Prenez le cas des arbitres par exemple. La plupart des arbitres africains n'officient pas plus de deux matches lors de compétitions mondiales et, à mon avis, cela est dû au manque de compétition régulière dans leurs pays respectifs. La BAL dessine un nouveau paysage pour aider le basket-ball en Afrique. Notre objectif est de développer les clubs non seulement au niveau national mais aussi au niveau international.

FIBA.basketball : Pouvez-vous nous donner un aperçu du partenariat de la FIBA avec la NBA dans le cadre du processus de la BAL ?

AM : La NBA est le partenaire idéal pour ce projet. Ils ont adopté nos idées et ensemble nous allons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour que la BAL se réalise cette année.

FIBA.basketball : Les matchs de la BAL se dérouleront-ils selon les règles de la NBA ou de la FIBA Basketball ?

AM : Notre partenariat avec la NBA est opérationnel. Les matchs de la BAL seront joués selon les règles de la FIBA. Notre partenariat avec la NBA implique également l'arbitrage, ce qui signifie que certains de nos arbitres seront formés par des arbitres de la G-League. Les matchs seront arbitrés par des arbitres de la G-League et des arbitres africains. Les dirigeants des clubs et des fédérations auront la possibilité de se former auprès des administrateurs de la G-League afin de développer leurs compétences en matière de gestion.

FIBA.basketball : De plus en plus de fans continuent à exprimer leur enthousiasme pour la BAL, et un aspect qui a été très remarqué ces dernières années est la forte audience des grands événements de basket-ball de FIBA Afrique.

AM : Pour la première saison de la BAL, nous visons une moyenne de 5 000 spectateurs par match. Ce chiffre pourrait atteindre 8 000 avec le temps. Ce chiffre inclurait les fans en déplacement. Pour ceux qui ne peuvent pas voyager, nous espérons créer des plateformes de diffusion. Mais nous devons nous assurer que les fans, les joueurs, les officiels et tout le monde sont en sécurité. Cette première année est une année expérimentale pour la BAL, elle nous permettra d'apprendre et d'améliorer la compétition dans les années à venir. Nous allons investir dans la qualité pour attirer les fans du monde entier à regarder nos matchs. La BAL, c'est bien plus que du basket-ball.

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