03/11/2020
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Il y a 70 ans, l'Argentine remportait l'édition inaugurale de la Coupe du Monde FIBA

MIES (Suisse) - Il y a septante ans, l'Argentine a gagné la toute première édition de la Coupe du Monde FIBA sur ses terres, à Buenos Aires.

Comme on peut s'y attendre, cette période était bien différente de la nôtre.

Cinq après la Seconde Guerre mondiale, le basketball international n'avait pas grand-chose à voir avec ce qu'il est aujourd'hui, sous l'ère moderne. Si le sport fait partie du quotidien en 2020, il n'était qu'une forme de divertissement dans les années cinquante pour des peuples qui essayaient de se relever au sortir d'une période extrêmement difficile.

Comment est née l'idée de créer une Coupe du Monde FIBA ?

Le premier Secrétaire général de la FIBA, William Jones, avait été un témoin privilégié du pouvoir du basketball. Présent aux JO de Londres en 1948, premier événement majeur d'après-guerre, il avait pu voir l'enthousiasme suscité par les équipes de basketball.

William Jones, premier Secrétaire général de la FIBA de 1932 à 1976

Londres avait été dévastée par les bombardements et, de manière symbolique, elle semblait l'endroit idéal pour organiser des JO d'été. Tous les meilleurs athlètes et les fans avaient accueilli avec joie cette occasion de repartir à zéro. Les sinistres photos des ruines de la guerre pouvaient enfin laisser la place à des photos d'athlètes triomphants.

Le Tournoi olympique de basketball avait réuni le total renversant de 23 équipes nationales. Sous les yeux de Jones, les USA s'étaient parés d'or. Mais surtout, une idée avait germé en Jones : le basketball avait aussi les moyens de prospérer en-dehors des JO.

Ainsi, il décida de mettre sur pied un Championnat du monde afin de rassembler les meilleures équipes : dix d'entre elles participèrent à l'édition inaugurale de la compétition, en 1950 à Buenos Aires.

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Le nombre d'équipes participantes a graduellement augmenté au fil des ans, pour en arriver à 32 à la Coupe du Monde FIBA 2019 en Chine, où les matchs se sont disputés dans huit villes différentes, offrant un fantastique spectacle.

L'Argentine remporte le premier titre mondial en 1950

Ses débuts humbles font de la toute première Coupe du Monde FIBA un événement d'autant plus spécial, en particulier pour les hôtes Argentins, vainqueurs des USA en finale (65-50). 

L'Argentine avait été neutre durant la Seconde Guerre mondiale, ce qui en avait fait un endroit idéal pour l'organisation de cette toute première édition de la Coupe du Monde FIBA. 

Le tournoi aurait pu être encore plus disputé si certains autres pays avaient décidé d'y prendre part.

L'Uruguay avait boycotté la compétition car ses journalistes n'avaient pas été autorisés à entrer dans le pays, tandis que l'Europe étant en pleine reconstruction, l'Italie, initialement engagée, avait finalement décidé de ne pas faire le voyage.

Pour limiter les dépenses, la France et l'Espagne avaient partagé un avion pour se rendre en Argentine. Pour sa part, l'Égypte avait débarqué en tant que championne d'Europe en titre, un sacre remporté chez elle, faisant ainsi partie des dix équipes participantes. 

Le Chili, le Brésil, le Pérou, l'Équateur et la Yougoslavie avaient complété le tableau.

La finale avait opposé l'Argentine aux USA, un pays qui n'avait jamais perdu en compétition olympique depuis le premier tournoi joué aux JO de Berlin en 1936.

L'équipe des USA pour la Coupe du Monde FIBA 1950

En vérité, personne ne savait à quoi s'attendre avec l'équipe nationale américaine. En effet, le Championnat du monde - son nom à l'époque - était une toute nouvelle compétition et les USA ne semblaient pas y prêter beaucoup d'attention à ce moment-là.

La sélection américaine était composée des joueurs d'une formation d'AAU (Amateur Athletic Union) appelée les Denver Chevrolets. Fait notable : pas moins de sept joueurs mesuraient plus de 1.83m.

Comme les Américains avaient l'avantage de la taille, le coach argentin Jorge Canavesi avait choisi de compenser le déficit en pratiquant un basket tout en rapidité.

"Nous savions que nous avions un désavantage de taille, alors nous devions être très bons physiquement au rebond et lancer des contre-attaques," avait commenté le tacticien dans basquetplus. "La vitesse était notre atout majeur."

L'Argentin Oscar Furlong était un intérieur athlétique et intelligent

L'Argentine pouvait également s'appuyer sur un intérieur de 1.92m du nom d'Oscar Furlong, un joueur non seulement capable de marquer, mais aussi de démarquer ses coéquipiers et de dominer au rebond.

"Furlong n'était pas particulièrement costaud et il était notre plus grand intérieur avec son 1.92m," note Canavesi, "mais il était très intelligent et il avait beaucoup de qualités."

L'Argentine avait fait preuve d'une grande maîtrise lors des matchs ayant précédé la finale, disposant de la France (56-40), du Chili (62-41), de la France une nouvelle fois (66-41) et de l'Égypte (68-33). Seul le Brésil, dans le second match, avait réussi à inquiéter l'Argentine (40-35).

La finale entre l'Argentine et les USA avaient commencé à 22h00, heure locale à Buenos Aires, mais la salle du Luna Park était déjà remplie par 15'000 fans à 19h00. La légende dit qu'ils étaient finalement plus de 20'000 à avoir pris place autour du terrain, sans compter les nombreux fans refusés aux entrées. 

L'Argentine avait pris le meilleur départ et elle avait atteint la mi-temps avec un avantage de 34-24. Après le retour des vestiaires, les USA étaient toutefois parvenus à réduire l'écart (40-37).

Canavesi avait alors choisi ce moment pour prendre une décision qui allait totalement relancer son équipe et lui donner une avance qu'elle ne lâcherait plus : il avait fait entrer en jeu Hugo Del Vecchio au milieu de la deuxième mi-temps et le joueur s'était régalé en contre-attaque, scorant 14 points.

Les Américains avaient ensuite commis de nombreuses fautes pour mettre sous pression les Argentins sur la ligne des lancers francs, mais ceux-ci s'étaient montrés très adroits, transformant 32 de leurs essais, soit la moitié de leur total de points.

Auteurs de 5 fautes, de nombreux joueurs américains n'avaient pas pu finir la rencontre.

Les fans avaient envahi le terrain à l'issue de la finale remportée à Buenos Aires

"Je n'oublierai jamais le moment juste après la fin du match, lorsque toutes les lumières de la salle du Luna Park ont été allumées et que les gens ont envahi le terrain," déclare le joueur argentin Ruben Menini. "Nous ne savions pas que c'était la coutume quand une équipe devenait championne du monde et c'était très excitant, surtout lorsque les gens se sont levés et ont commencé à chanter l'hymne national."

Les scènes de liesse avaient aussi éclaté dans la rue, les Argentins quittant les cafés et les bars pour aller fêter en mettant le feu à leurs journaux. Cette nuit avait marqué le début d'une tradition argentine : la 'Nuit des torches'.

L'Argentine est un des acteurs principaux du basketball international depuis, en particulier au cours des deux dernières décennies.

En 2004, l'Argentine a gagné la médaille d'or des JO d'Athènes. Elle a également atteint les finales des éditions 2002 et 2019 de la Coupe du Monde FIBA.

Même si le succès conquis il y a 16 ans en Grèce a marqué les esprits, force est de constater que celui acquis en 1950 tient une place spéciale dans le cœur de tous les fans de sport du pays.

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