SYDNEY (Australie) - Pau Gasol, ambassadeur de la Coupe du Monde Féminine FIBA 2022, est impatient de vivre les derniers moments de la compétition organisée à Sydney, surtout qu'il est entouré de sa famille.

« MA PRÉSENCE ICI, POUR SOUTENIR LE BASKET, POUR APPORTER MA CONTRIBUTION AU DÉVELOPPEMENT DU BASKET ET DU SPORT FÉMININ, EST TRÈS IMPORTANTE À MES YEUX. »

Champion du monde et MVP en 2006, multiple médaillé olympique et triple vainqueur du FIBA EuroBasket, Gasol sait parfaitement les qualités qu'il faut détenir pour avoir du succès. Les équipes encore en lice dans le tournoi possèdent assurément certaines des meilleures joueuses du monde.

« Cette compétition est vraiment remarquable et je suis juste heureux d'y assister, ce d'autant que je suis l'ambassadeur de cette Coupe du Monde Féminine FIBA 2022 », confie Gasol lors d'une conférence de presse qui a eu lieu avant la demi-finale entre les USA et le Canada.

Pau avec le Secrétaire Général de la FIBA Andreas Zagklis

Vous pouvez voir dans ses yeux qu'il n'est pas simplement content d'être là pour regarder les meilleures joueuses du monde, il est aussi très fier d'être un ambassadeur du basket féminin.

La fierté d'être ambassadeur

« Pour moi, cela a énormément de signification, dit-il. J'ai déjà endossé quelques fois le rôle d'ambassadeur avec différentes organisations après avoir pris ma retraite de joueur. Le faire pour la FIBA, qui a été la source de tellement de moments forts de ma carrière, me plaît beaucoup. »

« Ma présence ici, pour soutenir le basket, pour apporter ma contribution au développement du basket et du sport féminin, est très importante à mes yeux. J'essaie également de prendre le relais de Kobe, Gigi et toute la famille Bryant. C'est quelque chose qui me tient vraiment très à cœur.

« Pour toutes ces raisons et d'autres encore : j'adore ce sport, et je suis papa d'une fille. Je veux que les filles aient les mêmes opportunités, les mêmes chances que n'importe quel garçon. »

Prolonger un héritage

En conférence de presse, Gasol était vêtu d'un T-Shirt portant le symbole de Kobe Bryant, soulignant une fois de plus son lien si étroit avec le regretté basketteur de légende, passionné lui aussi par le basket féminin.

« [Pour Kobe] Je pense que le fait d'avoir une fille comme Gigi, qui adorait le basket, qui jouait au basket, lui a permis de se voir en elle. Il a ensuite commencé à aller aux entraînements et à coacher son équipe, et j'ai eu la chance d'y participer aussi, d'essayer de transmettre un peu de mes connaissances à ces filles», répond Gasol quand on lui demande ce qui a poussé les deux joueurs à s'investir dans la promotion du basket féminin.

Pau & Kobe, deux "frères" qui se sont affrontés lors des JO de Beijing en 2008

« Cela m'a donné envie de m'impliquer davantage et d'aider les filles à bénéficier de plus d'opportunités, car elles n'en avaient pas autant auparavant. Le parcours est beaucoup plus compliqué pour les filles et les femmes, et nous avons pris conscience que c'est injuste. Il faut absolument remédier à cette situation inégale.

« C'est également une des raisons qui expliquent mon engagement. Je suis convaincu que les choses doivent être justes, qu'elles doivent avoir un sens et qu'elles se doivent d'être correctes. »

« Encore une fois, j'aime la direction que prennent les choses, les progrès qui ont été réalisés. Je pense qu'il reste beaucoup à accomplir et c'est ce que nous allons faire. Kobe et moi partagions cette vision, entre autres.

« J'essaie simplement, à mon niveau et un peu comme son petit frère, de continuer ce qu'il a commencé, de faire vivre son héritage du mieux que je peux. »

« Nous pratiquons le même sport. »

Gasol estime que pour mieux promouvoir le basket féminin, il faut que des figures emblématiques de la discipline s'engagent et expriment leur soutien. La tendance actuelle va dans la bonne direction, mais il faut poursuivre les efforts.

« Nous le voyons de plus en plus », note Gasol au sujet des basketteurs qui viennent apporter leur soutien au basket féminin.

« Les joueurs sont de plus en plus nombreux à suivre le basket féminin et à insister sur le fait que c'est un seul et même sport. C'est une excellente chose. Au fond, nous sommes juste des frères et sœurs. Nous pratiquons le sport que nous aimons et nous devons nous soutenir les uns les autres. »

« Je pense que d'une certaine manière, cela a toujours été un peu une relation de grand frère-petite sœur, nous voulons simplement être désormais sur un pied d'égalité, sans distinction. » Voilà le message que Gasol veut envoyer à tous les joueurs capables d'influencer la prochaine génération. Tout le monde pratique le même sport.

« Il faut juste comprendre que nous jouons au même sport. Il s'agit de faire la promotion du sport en général, pour les filles et les garçons. Lorsque vous évoluez au plus haut niveau, vous êtes suivis par beaucoup de monde et vous devenez une sorte de modèle. Vous ne pouvez pas prendre que les bonnes choses. Vous avez une responsabilité qui vient avec. J'encourage tout le monde à envoyer le bon message, de s'impliquer pour ça. Ce serait un excellent début. »

Les histoires avant tout

Il reste encore beaucoup de chemin à parcourir, mais comme Gasol l'a répété à plusieurs reprises, les choses vont dans la bonne direction. L'Espagnol estime qu'il y a de nombreux aspects du jeu qui sont négligés dans les compétitions féminines. Il espère que les fans vont s'intéresser de plus en plus à ces tournois.

« Toute compétition réserve son lot de belles histoires si vous y prêtez un peu plus attention », souligne-t-il.

« Pour moi, c'est ça qui est important : les histoires, personnelles et humaines, les sacrifices consentis, l'amour du jeu, la passion qui anime les joueuses. À mon avis, il y a vraiment de quoi intéresser les gens qui ne connaissent pas bien le basket féminin. »

Parmi ces histoires, il y a par exemple celle de Lauren Jackson, de retour au jeu pour disputer une 5e Coupe du Monde Féminine FIBA à l'âge de 41 ans. Tout le monde en a parlé pendant la compétition et Gasol aimerait bien entendre l'avis de Jackson.

« Les gens ont tendance à mettre des limites à ce que nous pouvons ou devons faire. Je trouve que c'est bien d'avoir ce genre de rappels. Tout est toujours possible », commente Gasol au sujet de la participation de Jackson.

« Il existe de nombreux exemples d'athlètes qui prouvent qu'il n'y a pas de limite d'âge. Cela demandera évidemment beaucoup d'efforts, ce ne sera pas facile, mais si l'on désire vraiment quelque chose et qu'on s'investit pour l'obtenir, c'est faisable.

« C'est évidemment une formidable histoire. Ce n'est pas facile pour une joueuse comme elle, qui a été dominante, qui est membre du FIBA Hall of Fame, MVP, médaillée d'or de la Coupe du Monde Féminine FIBA, de revenir comme ça en endossant un nouveau rôle. Ça fait partie de la beauté de la chose. Il faut s'adapter, accepter de ne plus être l'élément central, tout en sachant que votre rôle reste essentiel pour l'équipe. C'est aussi une formidable source d'inspiration pour les jeunes. J'adorerais savoir ce qu'elle en a à dire. Nous avons besoin d'histoires comme celle-là. Pas uniquement pour le sport, mais pour la société en général. »

Famille

Il y a aussi quelques histoires qui touchent davantage Gasol, notamment celle de l'Américaine Sabrina Ionescu, qui fait ses débuts dans la compétition.

« Ma relation avec Sabrina et notre amitié est directement la conséquence de la relation d'amitié qu'elle partageait avec Kobe, explique-t-il. C'est intéressant de voir comment beaucoup des sentiments, des émotions que nous avions pour Kobe, l'amour et l'estime que nous lui portions, se sont transmis aux gens qui l'entouraient.

« Sabrina est devenue une petite sœur et je suis son frère. Nous parlons souvent et c'est formidable de la voir se développer. »

« Elle a enfin réussi à franchir un palier et à se faire une place dans la sélection américaine. Nous avions discuté pendant la préparation et elle n'était alors pas sûre de réussir à figurer parmi les 12 sélectionnées. Je lui ai juste dit 'Tu vas y arriver, tu vas y arriver'. J'essayais simplement de lui transmettre la confiance et la détermination que Kobe lui aurait transmis, le connaissant.

« Je suis vraiment très heureux pour elle. Elle possède un talent unique, c'est une chouette femme et son futur est prometteur. Je vais tenter de l'accompagner tout au long du chemin, de l'aider comme je peux. »

Pour Pau Gasol, ce rôle d'ambassadeur et sa présence à Sydney s'apparentent un peu à une activité familiale. Il se veut le prolongement de Kobe pour soutenir sa petite sœur Sabrina. Et en même temps, il s'investit pour le futur de sa propre fille.

Pau en pleine discussion avec le Secrétaire général de la FIBA Andreas Zagklis

« Quand j'ai commencé à discuter avec Andreas [Zagklis] sur un potentiel rôle d'ambassadeur pour la FIBA, j'ai tout de suite été séduit par le fait que nous parlions du basket en général, sans distinction entre hommes et femmes. C'est très important pour moi d'apporter mon soutien au basket féminin et à cette formidable compétition, surtout que c'est ce que Kobe avait commencé à faire et souhaitait. Je suis convaincu qu'il serait ici à mes côtés s'il avait encore été en vie.

« C'est pour cette raison que cela a énormément de signification pour moi. Ma femme est là, notre fille de deux ans aussi, c'est donc toute ma famille qui offre son soutien, pas seulement moi. »

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