DONGGUAN (China) - La dernière fois que Rudy Gobert a affronté les USA, c'était aux JO de Rio 2016 et la France s'était inclinée de peu. Dos au mur face aux Américains, l'intérieur de 2.16m a fait en sorte que l'issue de ce quart de finale de Coupe du Monde soit différente.

Omniprésent dans la raquette, Gobert a cumulé 21 points, 16 rebonds, 3 contres, 2 assists et 1 ballon récupéré, réussissant une performance inoubliable. Le score final, 89-79, est un peu trompeur, car il donne l'impression que les Bleus ont assez facilement gagné, alors qu'en réalité, ils ont dû effacer un retard de 7 points dans le dernier quart-temps avant de pouvoir fêter leur qualification pour les demi-finales de cette Coupe du Monde FIBA 2019.

"C'est une énorme victoire, ils ont une équipe très talentueuse," déclare Gobert après ce triomphe historique. "Nous nous attendions à un match compliqué et il l'a été. Ils nous ont mené la vie dure, mais nous avons appliqué notre plan de match."

Au moment d'aborder cette rencontre, le natif de Saint-Quentin (nord de la France) sortait de deux apparitions plutôt discrètes offensivement - une courte victoire contre la Lituanie et une défaite rageante contre l'Australie - mais contre les Américains, il a semblé avoir retrouvé toute son énergie.

Avait-il envie de prouver quelque chose à Myles Turner, qui avait déclaré plus tôt dans le tournoi que 'Gobert était le "NBA Defensive Player of the Year" pour certains' ?

"Ouais, j'ai lu ça, mais je lis plein de choses tous les jours," dit Gobert. "À la fin, je fais ce que j'ai à faire, j'essaie juste d'aider mon équipe à gagner à chaque fois que j'entre sur le terrain."

 
Et c'est précisément ce que l'intérieur du Utah Jazz a fait, surtout dans les dernières minutes du quatrième quart-temps, lorsque les Américains ont tenté une ultime fois de recoller au score. Gobert a réalisé de grosses actions défensives, notamment un contre importantissime sur son coéquipier au Jazz Donovan Mitchell qui, en dépit d'un total de 29 points, n'a pas du tout marqué dans le dernier quart-temps.

Interrogé sur la portée de cette action dans les vestiaires de la franchise américaine, Gobert a immédiatement réfuté tout impact, ce d'autant qu'il a perdu il y a quelques jours contre un autre coéquipier au Jazz, l'Australien Joe Ingles.

"Je ne suis pas comme ça," indique-t-il. "Bien sûr, j'aime bien un peu allumer mes adversaires. Mais l'Australie nous a battus il y a peu et cela m'a fait vraiment mal. J'apprécie Joe [Ingles], mais j'avais envie de le gifler. Ces expériences nous endurcissent et nous rendent meilleurs. Je pense que cette expérience va profiter à Donovan. J'ai un objectif avec la sélection nationale, mais j'ai aussi un objectif avec Utah. Je me réjouis pour les deux."

Mais la saison NBA n'est pas du tout à l'ordre du jour pour Gobert. Il veut se concentrer sur l'aventure qu'il vit en ce moment avec l'équipe de France et savourer cette victoire sur les USA. Les Bleus ont une occasion d'accéder pour la toute première fois à une finale de Coupe du Monde FIBA. Il serait dommage de la manquer.

"Encore une fois, tout ceci n'a pas beaucoup de signification si tu ne repars pas avec l'or à la fin," explique-t-il. "Mais cela restera comme l'un des plus beaux moments de ma carrière et l'une des plus belles victoires du basket français, c'est sûr. Nous devons maintenant préparer le match contre l'Argentine. Ce sera un autre énorme défi pour nous."

Indépendamment de la suite des événements, Gobert sait que ses coéquipiers et lui ont accompli quelque chose d'unique, un exploit qui les démarquera à tout jamais des autres sélections françaises.

"Cela faisait longtemps que j'en rêvais," avoue-t-il. "Quand j'étais plus jeune - vers 20, 21 ans - je regardais ces matchs et je me disais qu'un jour, nous aurions une chance de gagner contre les USA. J'ai pensé à ça avant le match de ce soir. Je me suis dit que cette opportunité ne se représenterait peut-être jamais. J'en ai parlé avec les gars, en particulier avec Evan - ceux de ma génération. Nous étions conscients de l'importance d'un tel résultat."

S'exprimant au sujet de sa génération , Gobert souligne l'engagement inconditionnel de chacun des membres de la sélection et leur volonté de se sacrifier pour l'équipe, pour le pays, pour l'histoire.

Est-ce une équipe de France spéciale ? Gobert en est convaincu.

"Vous faites certaines fois partie d'équipes qui sont super talentueuses et d'autres fois qui le sont un peu moins, mais qui sont constituées d'un fantastique groupe de gars," indique-t-il. "Je pense que cette année, nous avons les deux. Personne n'est là pour l'argent. Personne n'est là pour sa gloire personnelle. Nous sommes tous ici pour une chose : gagner. Quand les leaders sont prêts à se sacrifier pour l'équipe, alors les 12 gars le font."

"Nous savions que rien ne serait facile et nous ne voulons pas nous contenter d'une place en demi-finale," ajoute-t-il. "Nous visons la médaille d'or, et rien ne sera facile. Cela va même être de plus en plus difficile, mais nous avons les ressources morales pour atteindre notre objectif. Nous nous soutenons les uns les autres, quoi qu'il arrive. C'est ça qui est génial. Bon, c'est clair, écrire l'histoire est aussi assez génial."

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