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17 février, 2020
23 février, 2021
16/10/2020
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Sénégal : la gloire passe par des sacrifices

TEXAS (USA) - Sur le papier, le Sénégal a l'une des plus fortes et plus talentueuses équipes d'Afrique. À chacune de ses apparitions au FIBA AfroBasket, il a toujours été placé parmi les favoris de la compétition, mais la réalité du terrain est différente. 

Avec un palmarès honorable comprenant cinq titres continentaux, les Lions méritent leur place vers les sommets de la hiérarchie du basket africain.

Ceux qui ont précédé la génération actuelle se sont battus becs et ongles pour porter au plus haut les couleurs nationales, remportant quatre sacres sur les sept éditions disputées entre 1968 et 1980, les trois autres se soldant par une 2e place. À cette époque, le Sénégal était redoutable d'efficacité et sa domination était écrasante. 

C'est seulement en 1997, après 17 années de disette, que les Lions ont enfin reconquis le titre continental. Selon Makhtar Ndiaye, la sélection nationale d'alors n'était pas aussi talentueuse que ses glorieuses prédécesseuses. 

"Nous n'avions pas l'équipe la plus talentueuse, mais nous étions comme une famille. Nous étions parfaitement équilibrés et nous nous faisions confiance. Notre atout, c'est que nous avions quasiment grandi ensemble, dans le même quartier. Nous étions en fait un groupe d'amis," se souvient Ndiaye. 

"J'ai fait mes débuts en équipe nationale en 1993 et j'ai ensuite pris part au FIBA AfroBasket in 1995. Nous avions très bien joué et nous nous étions inclinés en finale contre l'Angola. Deux ans plus tard, mis à part peut-être trois joueurs, nous avions un groupe identique, ce qui nous a énormément aidé."

"Maintenant, c'est différent. La sélection actuelle n'a pas cet équilibre. Quand vous avez tous les joueurs sous la main au même endroit, vous pouvez bâtir quelque chose. Or la plupart d'entre eux évoluent aujourd'hui à l'étranger et ils ne rentrent au pays que pour de courtes périodes, parfois juste pour quelques jours. Ce n'est pas assez pour trouver un bon équilibre. C'est compliqué."

 

Ndiaye, qui a été le premier Sénégalais à jouer en NBA - en 1999 avec la franchise aujourd'hui disparue des Vancouver Grizzlies - a été nommé directeur d'équipe des Lions. 

Cette nomination n'a surpris aucun fan de basket sénégalais. Elle était attendue et tout le monde s'accorde à dire que cette collaboration ne peut que fonctionner. 

Ndiaye et le directeur technique Moustapha Gaye se connaissent depuis longtemps. 

"Tapha et moi partageons un lien très fort. À 16 ans, il m'a pris sous son aile comme un grand frère et un oncle. À l'époque, nous fréquentions la même école à Saint-Michel. Il a toujours été un exemple pour moi. Il a gagné le titre comme joueur et il a pris les 2e et 3e rangs comme coach. C'est mon mentor."

"Je ne voulais pas que les gens pensent que j'ai obtenu ce poste grâce à notre relation, mais grâce à mon expérience et à tout ce que j'ai apporté à mon pays pendant mes années passées à travailler en NBA. J'espère ne pas le décevoir."

Pour Ndiaye, le succès ne connaît pas les raccourcis

Le Sénégal partage le Groupe B des Éliminatoires du FIBA AfroBasket 2021 avec l'Angola, le Mozambique et le Kenya. Les matchs auront lieu à Kigali (Rwanda) du 25 au 29 novembre 2020.

Lorsque les Lions se projettent vers la phae qualificative de la compétition majeure du continent africain, les attentes sont claires : ils se doivent d'obtenir la qualification s'ils comptent atteindre la gloire l'an prochain. Ndiaye et ses hommes sont en mission.

Ils sont en quête d'un sixième titre, mais pour arriver à le conquérir, ils doivent passer par différentes étapes. Car il y a un prix à payer pour pouvoir trôner au sommet de la hiérarchie africaine. 

"Regardez les deux dernières éditions du FIBA AfroBasket, remportées par le Nigeria et la Tunisie. Ils ont tout mis en œuvre pour connaître ces succès. Ils ont consenti tous les sacrifices nécessaires. Si vous voulez monter au paradis, il faut d'abord mourir."

"Nous sommes des outsiders. Nous avons beaucoup de travail devant nous. Avant, nous étions les chassés, maintenant, nous sommes les chasseurs. En 1997, nous n'avions pas les meilleurs joueurs. Mais nous avions la meilleure équipe. C'est ça la mentalité que nous souhaitons afficher sur le terrain. Nous ne pouvons pas nous reposer sur notre glorieux passé."

"L'objectif reste le même. Comment réussir à l'appliquer au groupe de joueurs dont nous disposons actuellement ? Nous devons nous adapter. Les joueurs doivent faire leur part du boulot. Les petits pays rêvent de gagner cette consécration tout autant que les grands. Cela ne se fera pas en une nuit. Nous devons faire preuve de patience."

Le Sénégal a été l'une des cinq nations africaines à participer à la Coupe du Monde FIBA 2019 en Chine et il est un candidat très sérieux à une place aux JO de Tokyo l'an prochain. 

Ce statut met une certaine pression sur les épaules de cette équipe désireuse d'écrire sa propre histoire. La tâche ne sera pas aisée, mais comme le dit le proverbe : pour être le meilleur, il faut battre le meilleur. 

Une première occasion se présente du 25 au 29 novembre à Kigali, de quoi peut-être redonner le sourire aux fans du Sénégal.

FIBA