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    Back in black - gros plan sur Segafredo Virtus Bologna

    Dix ans après sa victoire en EuroChallenge, dix-sept après sa triple couronne (Lega, Euroleague, coupe d'Italie), la Virtus Bologne est de retour en coupe d'Europe.

     


    MIES, Suisse - L'ancien empire a contre-attaqué. La Virtus Bologna est de retour en Europe. Au moment où les confettis tomberont sur nos prochains champions, dix ans se seront écoulés depuis que la Virtus a remporté l'Eurochallenge en 2009 - face au Cholet des jeunes Nando De Colo et Rodrigue Beaubois - et dix-huit ans depuis que Manu Ginobili et Ettore Messina les ont menés à la triple couronne (Lega A, Coupe d'Italie et Euroleague) en 2001.

    Ce club a connu des hauts et des bas au fil des ans, mais quinze titres de champion d'Italie, huit coupes d'Italie et trois titres européens suggèrent qu'il y a peut-être déjà eu plus de hauts que beaucoup d'autres clubs n'auraient pu en rêver. Il serait également juste de dire qu'à chaque fois que nous jettons un oeil dans le rétroviseur, bon nombre de ces triomphes se réduisent de plus en plus à l'horizon.

    Virtus Bologna's fans put the club on everyone's basketball bucket list

    Pourtant, alors que le club a accéléré sa reconstruction depuis son retour en Lega A italienne et maintenant en Europe en Basketball Champions League, il y a un véritable sentiment partagé autour du club, que le prochain trophée ne sera peut-être pas trop loin. Nous avons parlé au nouvel entraîneur Stefano Sacripanti de ce que cela signifie de ramener Bologne en Europe et de ce qu'il pense de sa nouvelle équipe.

    Bienvenue en Basketball Champions League, coach. Nos fans vous connaissent depuis votre passage à Avellino pendant les deux premières années de la BCL. Pensez-vous que votre expérience de la compétition peut vous aider à guider cette équipe à Bologne ?

    ""Tout d'abord, je tiens à dire que la BCL est une grande compétition. Je crois aussi que l'importance de la compétition a beaucoup augmenté avec l'excellente qualité des équipes participantes. Quand vous jouez dans la BCL, vous jouez contre tant de systèmes et de styles de jeu différents, mais j'espère que mon expérience de la compétition peut aider l'équipe à rester concentrée."   

    Avec votre connaissance de la compétition, quelles sont vos ambitions pour la saison ? Et quels seront, selon vous, les plus grands défis à venir ?

    ""ous nous battons pour une place dans le top 4 de notre groupe et pour atteindre les Play-Offs. Mais nous visons aussi les Play-Offs de la Serie A et le Final Eight de la Coupe d'Italie. Ces ambitions représentent notre plus grand défi : participer à ce type de compétition (BCL), alors que la ligue italienne est extrêmement dure mentalement et physiquement. En même temps, plus de matchs peuvent aider l'équipe à trouver l'alchimie, car il faudra résoudre ensemble tous les problèmes et les difficultés qui surviendront."

    Les propos de l'entraîneur Sacripanti peuvent sembler prudent, mais il a bien sûr tout à fait raison dans son désir de maintenir les attentes à un niveau relativement bas. Les Black V ne sont revenus dans la première division italienne qu'en 2017/18 et si leur retour contre Neptunas est une source d'optimisme, ils viennent aussi de perdre à domicile face à Olimpia Milano. Le coach Sacripanti a parlé dans les médias italiens de son équipe avant le derby de Milan et l'a comparé à un "chantier en construction". Il a également salué les supporters de Bologne pour leur capacité à jouer "leur rôle de sixième homme" malgré leur statut d'outsiders. Il est déjà tout à fait clair que l'avantage du terrain va jouer cette saison.
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    Ces fans à Bologne sont incroyables. Pouvez-vous parler de vos sensations de jouer devant eux et y a-t-il un privilège ou une pression supplémentaire en tant qu'entraîneur à Basket City ?

    "Bien sûr, entraîner à Basket City est une motivation énorme, c'est une ville où vous pouvez sentir la passion pour le basket-ball, les fans sont comme un sixième joueur sur le terrain. C'est aussi une énorme responsabilité. Virtus Bologna est un club si important et historique."

    L'équipe

    L'équipe de Virtus Bologna est séduisante. Et le langage corporel qu'ils ont affiché tout au long du match contre Neptunas - même s'ils ont compté jusqu'à 15 points de retard - suggère qu'ils s'apprécient aussi les uns les autres. Il peut y avoir des assemblages de talents plus coûteux et potentiellement plus profonds dans la Basketball Champions League, mais il s'agit d'une équipe qui a été assemblée avec un plan clair en tête. Toutes les pièces sont en place. Le capitaine Qvale et le Canadien Dejan Kravic apportent du punch à l'intérieur, avec Filippo Baldi-Rossi comme ailier-fort au large, efficace sur pick-and-pop. Autour d'eux se trouve une collection d'avaleurs d'espaces et de créateurs qui jouent tous à plusieurs postes.


    L'autre chose qui vous frappe dans cette équipe, c'est l'âge des joueurs. Brian Qvale et Kelvin Martin sont les plus anciens avec leurs 29 printemps. Les plus jeunes comme Alessandro Pajola font baisser la moyenne d'âge à 25 ans, mais les principaux joueurs de la rotation sont tous dans cette fourchette de 25 à 29 ans : ils sont affamés, agressifs et, dans de nombreux cas, dans les meilleures années de leur carrière. De plus, ils montrent déjà les signes d'une alchimie d'équipe en résolvant collectivement les différentes situations.

    L'ordinateur - Tony Taylor

    "IJe crois que Tony Taylor aura le bon leadership. Je pense que le meneur est l'entraîneur sur le terrain." - Stefano Sacripanti

     

    Au temps où Sacripanti officiait à Sidigas Avellino, son équipe était connue pour jouer la plupart du temps avec deux meneurs de jeu. La position 1 est clairement un élément fondamental pour Sacripanti et avec son meneur titulaire, Tony Taylor, l'entraîneur Sacripanti semble avoir trouvé son ordinateur.

    "J'aime bien jouer avec deux bons manieurs de ballons, mais d'habitude, j'aime construire une façon de jouer qui aide mes joueurs à mettre en valeur leurs propres talents", explique l'entraîneur Sacripanti.

    Taylor est un joueur qui est clairement capable de marquer. Sa moyenne de 12,7 points à Banvit la saison dernière démontre sa capacité à mettre le ballon dans le cercle et il nous a déjà montré qu'il le fera pour cette équipe de la Virtus quand le besoin s'en fera sentir.

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    Mais la plus grande force de Taylor est de traiter l'information se présentant à lui et de calculer où la balle doit aller. Un pourcentage d'utilisation de sous les 20% vous indique que Taylor n'a pas pour but de dominer individuellement avec le ballon, mais plutôt le bon matchup ou la bonne situation pour ses coéquipiers. Contre Neptunas, le pourcentage de passes de Taylor a été de 42,6% - ce qui signifie que pendant qu'il était sur le terrain, Taylor a contribué indirectement à 43% des points de Bologne - ce nombre est élevé et diminuera certainement à mesure que la saison avancera, mais vous pouvez être sûr que pendant que Taylor est sur le terrain, Virtus attaquera ses adversaires là où cela fait le plus mal.

    Les scoreurs - Kevin Punter and Pietro Aradori

    Pietro Aradori fait partie du gratin des scoreurs. L'Italien - qui a été entraîné par Sacripanti avec l'équipe nationale italienne des moins de 20 ans lors du Championnat d'Europe 2008 - a tourné à 15,7 points par match la saison dernière et a également été un membre clé de l'équipe nationale sénior italienne cet été. En ce début de saison en Lega A italienne, Aradori shoote à 62% 50% à trois-points et 100% sur la ligne des lancers-francs.

    Pietro Aradori s'occupe de tout.

    Kevin Punter a également commencé la saison tambour battant. Sur trois matchs toutes compétitions confondues, Punter shoote à 59%, 53% à trois-points, et 79% aux lancers.

    "C'est certain qu'ils sont tous les deux de bons scoreurs, qu'ils sont capables de se créer leurs propres tirs et mon objectif est de les impliquer dans un système d'équipe offensif et défensif pour les aider à faire un saut qualitatif dans leur carrière." - Stefano Sacripanti


    On savait que Punter pouvait marquer. Il a été le meilleur marqueur de la saison régulière en 2017-18 avec Rosa Radom et le meilleur scoreur du Final Four dans les rangs de l'AEK, au cours d'une seule saison. Ce qui ressort de Punter cette saison, c'est la façon dont il marque. Quand Bologne a eu besoin de points, Punter lui a livré au bon moment. Dans ce clip suivant, Neptunas menait de quatre points et Bologne avait besoin d'une solution en attaque pour rester dans le match. Punter s'arrête à deux pas derrière la ligne, la main dans le visage. Il réussit ces tirs avec une constance infaillible.
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    Ce qui fait la différence dans le jeu de Punter avec Bologne, c'est sa capacité croissante d'assumer des responsabilités à la création. Au quatrième quart-temps contre Neptunas, Punter n'a pas seulement servi à marquer. Dans le clip suivant vous voyez Punter dans la même action que la dernière vidéo. Cette fois, alors qu'il engage un pick-and-roll, il observe le terrain et voit que Neptunas a envoyé deux joueurs en aide sur le roll. Il évalue et fait la bonne passe - s'il avait choisi l''autre joueur à droite, il y avait une deuxième rotation d'aide qui arrivait. Au lieu de cela, l'homme de Kelvin Martin doit faire le closeout, permettant à Martin de profiter de son avantage en un-contre-un.

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    Si Punter continue de réussir des tirs difficiles et d'utiliser régulièrement sa capacité à créer, il est bien placé pour faire ce saut qualitatif dont parle l'entraîneur Sacripanti.

    Les ailiers - David Cournooh, Amath M'Baye and Kelvin Martin

    La capacité de Virtus d'augmenter la pression défensive a eu une influence majeure sur le résultat du premier match. Ils avaient été pauvres des deux côtés dans les deux premières périodes. Leur trio d'ailiers a joué un grand rôle dans ce revirement de situation. Tous les trois peuvent changer et surveiller plusieurs positions. Ils chassent tous le ballon, jouent dans les lignes de passes, et ils jouent tous en défense avec le même engagement qu'en attaque. Cette prochaine vidéo de Kelvin Martin montre de quoi il s'agit. Mais on aurait pu faire cette vidéo pour les trois. Clip 1 : nous le voyons dans les lignes de passes qui font sauter le système de Neptunas. Clip 2 nous le voyons presser Weaver sur une dernière situation de tir et le clip final n'a pas besoin d'être décrit. On peut presque voir que le maillot Virtus Bologna se confondre avec le maillot jaune #6 de MHP Riesen Ludwigsburg.

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    L'autre avantage de l'équipe de Virtus Bologna, c'est qu'ils se soutiennent mutuellement. Dans la vidéo suivante, regardez comment David Cournooh voit Kevin Punter lutter pour tenir le poste après avoir switché en défense. Il lit la passe et vient de nulle part pour bloquer le tir. Dans le deuxième clip, M'Baye lit la passe à un moment clé de la partie et oriente le jeu côté faible. Et finalement, vous voyez Punter et Kravic faire équipe pour bloquer un tir et envoyer Punter en contre-attaque.

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    Les grands - Brian Qvale, Dejan Kravic and Filippo Baldi Rossi

    En parlant de Dejan Kravic, le Canadien de 2,13 m est certainement un joueur qui semble prêt à effectuer sa meilleure année en carrière. Bien qu'il ait disputé deux matchs lors des éliminatoires de la BCL la saison dernière, c'est sans aucun doute le plus haut niveau auquel il a participé. Associé avec le capitaine Qvale, les deux big men ont posé des écrans durs, aspirent les joueurs pendant qu'ils roulent, puis terminent en force. Et avec Filippo Baldi Rossi en complément, capable de s'éloigner, Virtus Bologna a une belle puissance de feu. Contre Neptunas, tous les trois protégeaient aussi la peinture. Virtus a été la meilleure équipe aux contres de la BCL lors de la première journée - ils ont bloqué 16,7% des tentatives de tir des Lituaniens.

    Kravic, en particulier, était impressionnant aux deux extrémités du terrain. Il a régulièrement démontré sa capacité à switcher sur le porteur de balle et à contenir son drive. A deux reprises, il a également réussi à contrer le tir.

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    Tactiques

    Offensivement, le système de la Virtus Bologna est à la fois simple, logique et innovant. Presque tout est basé sur les renversements de balle sur pick-and-rolls. La prémisse de base est de déplacer la défense d'est en ouest et de les forcer à défendre sur plusieurs menaces à la fois. La Virtus attend l'erreur défensive et s'il n'y a pas d'erreur, ils possèdent des joueurs qui peuvent créer leur propre tir.

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    La clé de la simplicité réside presque toujours dans l'exécution. Le système de Coach Sacripanti est également créatif, mais l'exécution est tout aussi méthodique.

    Les " Drag screens" ou écrans sur transition font partie intégrante de chaque attaque et les défenses doivent se familiariser avec eux. Dans cette prochaine série, nous voyons le coach Sacripanti utiliser un faux écran sur transition. Le joueur qui suit fait semblant de poser l'écran pour rouler vers le cercle puis revient à sa position de départ. Tout cela sert à provoquer l'hésitation de la défense avant que la Virtus n'enclenche l'action qu'il veut vraiment exécuter.

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    Même si les équipes savent ce qui va se passer, la Virtus Bologne a déjà montré qu'elle était à l'aise pour lire les situations. Dans le clip suivant, Bologne tourne la même action simple à partir d'un pick-and-roll central. Avec les deux défenseurs du pick pris à défaut, Taylor a tout le temps du monde pour trouver Kravic. Simple mais mortel.

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    Sur le plan défensif, les hommes de l'entraîneur Sacripanti ont fait preuve de la même ruse en toute simplicité. Il n'est pas rare de voir une équipe italienne utiliser une défense de zone pour étouffer le rythme de ses adversaires. Virtus Bologna montrera ce qui semble être une défense de zone standard mais la transformera en une défense "bricolée" avec un joueur poursuivant le tireur le plus dangereux autour des écrans. Dans ce cas, regardez comment la Virtus appelle Kelvin Martin pour récupérer Tomas Delininkaitis et ensuite dans le clip suivant c'est la responsabilité d'Amath M'Baye.

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    L'entraîneur Sacripanti a échangé le costume trois pièces pour le survêtement de club cette saison et a déjà parlé de la façon dont son équipe travaille dans la bonne direction. Il a l'air d'un homme revigoré à la tête d'une équipe où chacun est prêt à se battre pour son coéquipier.

    Une place dans le Top 4 et une place dans les Play-Offs semblent être des objectifs très réalistes, mais avec le talent de cette équipe et la façon dont elle nous montre déjà qu'elle peut jouer - surtout avec les fans derrière elle - ne soyez pas surpris de voir cette équipe se qualifier pour les quarts de finale et au-delà.