L'heure est venue pour Aradori et l'Italie
Pietro Aradori sort d'une de ses plus belles saisons, de quoi être au meilleur de sa forme pour évoluer en équipe nationale.
BOLOGNA (Italy) - Pietro Aradori sort d'une de ses plus belles saisons, de quoi être au meilleur de sa forme pour évoluer en équipe nationale.
Il est difficile de définir si cette saison a été la plus aboutie de sa carrière, surtout au rythme où va le basket actuellement : c'est quasi du non-stop pendant douze mois. Mais en s'arrêtant un moment sur les derniers mois de Pietro Aradori, on constate que c'est peut-être bel et bien le cas.
Élément clé de la sélection italienne, Aradori a aidé les Azzurri à se qualifier pour la Coupe du Monde FIBA, 13 ans après sa dernière participation, tout en guidant Segafredo Virtus Bologna vers le titre en Basketball Champions League. Et même s'il n'a que 30 ans, Aradori a déjà l'expérience d'un vieux briscard : 14 saisons dans 12 clubs différents comme joueur pro et plus de 200 matchs en équipe d'Italie.
"J'AI EU LE SENTIMENT DE RÉALISER UN RÊVE EN JOUANT DANS MA VILLE AVEC L'ÉQUIPE NATIONALE ET EN ÉTANT CAPITAINE DE LA SÉLECTION."
Ses débuts semblent extrêmement lointains. "J'ai commencé très jeune," note Aradori. "J'étais juste un enfant qui pratiquait plein de sports différents : du foot, bien sûr, mais aussi de la natation et du ski. Et puis je suis tombé en admiration devant Kobe Bryant, et voilà."
Pietro a débuté dans la Team 75, un club que son père, vrai passionné de basket, avait fondé à Lograto, une petite ville au nord du pays, près de Brescia. Suant à grosses gouttes dans une modeste salle de sport, en essayant d'imiter Kobe (et Tracy McGrady, une autre idole d'Aradori) tout en apprenant les fondamentaux, Pietro s'est embarqué dans une aventure qui l'a fait voyager à travers l'Italie et l'Europe, pour finalement revenir chez lui lors d'une froide et brouillardeuse soirée de novembre.
Capitaine de l'Italie lors du succès crucial contre la Lituanie dans le cadre des Éliminatoires Zone Europe pour la Coupe du Monde FIBA 2019, Pietro a vécu ce soir-là un moment qu'il n'oubliera jamais, sur le parquet du tout nouveau PalaLeonessa de Brescia, tout près d'où il a grandi.
"J'ai eu le sentiment de réaliser un rêve en jouant dans ma ville avec l'équipe nationale et en étant capitaine de la sélection. J'en ai rêvé depuis que j'ai commencé à faire mes premiers tirs dans cette vieille salle, à Lograto." Mais la réalisation de ce rêve de mener les Azzurri jusqu'à la Coupe du Monde n'est pas le fruit de la chance : Aradori l'a méritée. "J'ai travaillé tellement dur pour en arriver là aujourd'hui, en passant chacun des 15 derniers étés à jouer au sein des académies jeunesse et autres."
Nul besoin d'expliquer pourquoi Pietro est si fier de ses accomplissements avec l'Italie, surtout au vu du chemin qu'il a eu à parcourir, avec son lot de déceptions. "À l'EuroBasket 2017, la défaite contre la Serbie en quarts de finale a fait très mal, mais nous avions tous le sentiment que notre déficit en taille et en athlétiticité était insurmontable."
"LES GENS ME TRAITENT COMME SI J'ÉTAIS UN VÉTÉRAN, QUE JE SUIS D'UNE CERTAINE MANIÈRE, MAIS J'AI DÉBUTÉ TRÈS JEUNE ET IL ME RESTE BEAUCOUP À ACCOMPLIR."
Ce qui s'est passé un an plus tôt à Turin - où les Azzurri se sont inclinés après prolongation contre la Croatie, un revers qui leur a barré la route des JO de Rio - a encore été plus dur à encaisser. "C'était une défaite très amère, c'est sûr," se souvient Aradori en repensant à sa sortie du PalaIsozaki, ajoutant : "Cela a été le pire moment de ma carrière en équipe nationale."
Pietro estime que ses plus beaux moments avec le maillot de l'Italie sont encore à venir : "Les gens me traitent comme si j'étais un vétéran, que je suis d'une certaine manière, mais j'ai débuté très jeune et il me reste beaucoup à accomplir." Tout juste entré dans la trentaine, Aradori n'a sûrement pas tort quand il entrevoit un futur prometteur pour l'Italie, qui a maîtrisé son sujet durant les Éliminatoires, sans jamais perdre son calme.
"Cela a été intéressant, à cause de l'espacement entre les fenêtres qualificatives et les effectifs à disposition d'une fois à l'autre. Mais le coach Sacchetti a réalisé de l'excellent travail en intégrant plein de gars qui n'avaient jamais vraiment eu la chance de jouer jusqu'alors et en leur donnant une vraie opportunité d'apporter quelque chose."
Le prochain chapitre de cette belle histoire se déroulera en Chine, où l'Italie aura besoin de toute son expérience pour donner vie au rêve de médaille. Aradori en a à revendre, notamment toute celle qu'il a engrangée cette saison en Basketball Champions League.
"Ça aussi, ça a été un moment très fort, ce 'Basketball Champions League Final Four'. Ça restera gravé à vie dans ma mémoire," indique-t-il. Encore une fois, le triomphe contre Iberostar Tenerife a été une sorte d'atterrissage réussi après un vol turbulent : "Cette dernière année a été particulière. À mi-saison, nous semblions aller droit dans le mur."
Un changement de coach et quelques ajustements dans l'effectif plus tard, l'équipe s'est mise à enchaîner les bonnes perfs, avec un résultat historique à la clé. "Ça paraît encore irréel de nous dire que nos noms seront inscrits à tout jamais dans l'histoire de Virtus Bologna." Dix ans après son ultime trophée majeur, le club et ses nombreux fans ont enfin eu une raison de faire la fête.
FIBA