AUS - "La nouvelle génération australienne a ce qu'il faut pour réussir dans le sport féminin"
TOULOUSE (Championnat du monde FIBA 2010 féminines -17ans) – L'institut Australien du sport (AIS) a formé certains des plus grands joueurs de basketball du monde comme Andrew Bogut ou Lauren Jackson. Phil Brown est le coach de l'équipe féminine de basket de l'AIS et a coaché 22 joueuses olympiques dont ...
TOULOUSE (Championnat du monde FIBA 2010 féminines -17ans) – L'institut Australien du sport (AIS) a formé certains des plus grands joueurs de basketball du monde comme Andrew Bogut ou Lauren Jackson.
Phil Brown est le coach de l'équipe féminine de basket de l'AIS et a coaché 22 joueuses olympiques dont Lauren Jackson et Penny Taylor.
Il est venu à Toulouse pour suivre les progrès de son équipe nationale durant la première édition des premiers championnats du monde féminins -17ans.
FIBA.com s'est entrenu avec P. Brown vis à vis des performances de l'équipe d'Australie et sur l'évolution du basketball plus généralement.
FIBA : l’équipe féminine australienne est en constante progression depuis 1994. Je suppose que ca a beaucoup contribué à plus de médiatisation de ce sport ; et que ca implique que la formation est appelée à jouer un rôle toujours plus important. A quel point le basket féminin est-il important en Australie ? Où en est la formation australienne ? Quelles sont ses forces et faiblesses ?
Le basketball n’est pas aussi populaire que le cricket ou le rugby. De plus, nous devons faire face à de nombreux défis spécifiques aux juniors allant des infrastructures au nombre de coachs disponibles. Au plus haut niveau, nous avons l’AIS (Australian Institute of Sports, l’équivalent australien de l’INSEP en France, ndlr), qui est réévalué, modifié, perfectionné en ce moment.
La différence fondamentale est que le basketball n’est pas un sport cuturel en Australie, contrairement à l’Europe. Nous devons nous améliorer dans tous les compartiments du jeu liés à la compréhension du jeu : j’ai l’impresion que notre jeu est plus ou moins manufacturé. Nous devons impérativement améliorer l’instinct, la spontanéité et la créativité. Evidemment, vu que nous disposons de joueuses imposantes, nous devons travailler sur la capacité à mettre la balle au sol, les 3 points…
Ceci dit, nous avons des atouts intéressants au niveau de la taille, de bonnes capacités athlétiques et un excellent impact physique. Notre intérêt à long-terme est l’équipe sénior que nous voulons voir rester dans le top 3 des meilleures nations du monde.
FIBA : Il y à un centre d’entrainement en France appelé l’INSEP. Avez-vous déjà collaboré avec eux ? Au plus haut niveau international, y a-t-il beaucoup de liens entre les nations pour le développement de meilleurs programmes de formation ?
Je me suis déjà rendu deux fois à l’INSEP. J’ai d’ailleurs plusieurs fois rencontré leur coach. Je crois que c’est très sain d’échanger nos idées. Nous regardons de près ce qui se fait en Espagne, aux Etats-Unis, en Russie ou en Chine. C’est souvent très différent, mais nous sommes là pour progresser. Nous voyons qu’il y a un certain nombre de choses qu’il nous reste à corriger, alors que sur d’autres aspects , nous pensons être sur la bonne voie dans l’optique d’une médaille d’or aux prochains Jeux Olympiques. De ce fait, nous envisageons et étudions toutes les possibilités : ils nous faudra assurer la rotation de nos stars.
Notre system est fondamentalement différent de ce qui se fait en France, où il y a un système régional et des coachs à plein-temps. En Australie (qui fait pourtant la taille de l’Europe), nous avons environ 10 coachs disponibles. L’AIS a justement pour but de combler nos déficits dans ce domaine. Aujourd’hui, à peu près 50% des filles jouant dans notre championnat professionnel sont issues de l’AIS. Certaines vont même poursuivre leur carrière dans les championnats de tout premier ordre comme en Europe ou dans le championnat WNBA aux Etats-Unis.
FIBA : Je suppose qu’un évènement tel que ces premiers championnats du monde U17 est une excellente opportunité pour évaluer sa politique de formation et pouvoir se situer sur l’échiquier international…
Oui, c’est encore très nouveau puisque ce n’est que la première fois. Beaucoup d’équipes ont des vagues de temps forts-temps faibles très certainement dû à leur jeune âge. En revanche, je trouve qu’il y a de très bons talents présents. En ce qui nous concerne, nous devons être meilleures dans un certain nombre de secteurs clés : 1 contre 1, 3 points, gestion des possessions, drible, passe, retournements, prises de décision, et variation d’intensité et de rapidité en match.
FIBA : les championnats nationaux français ont beaucoup de difficultés à conserver leurs plus prometteurs espoirs. Qu’en est-il en Australie ? Quelle serait la voie à suivre pour pouvoir bénéficier davantage des talents formés ?
Il s’agit en effet d’un véritable défi. Nous avons les mêmes problèmes puisque notre ligue n’est que semi-professionnelle. De plus, nous ne voyons pas beaucoup de joueuses venir de l’extérieur. Les joueuses peuvent facilement gagner jusqu’à dix fois ce qu’elles gagnent chez nous si elles s’exportent vers les USA ou l’Europe. Nous allons essayer de les garder dans notre ligue de plus en plus longtemps après qu’elles aient quitté l’AIS. Nous allons essayer de faire revenir nos joueuses à l’intersaison, une fois leur saison américaine achevée… mais pour cela nous auront besoin de plus de moyens ; ce qui reste difficile puisqu’une nouvelle fois, le basketball n’est pas un sport culturel en Australie. Nous devons implanter le professionnalisme dans notre championnat : aujourd’hui, seuls 3 coachs le sont à plein-temps. Les autres sont dans l’obligation de trouver une profession à coté.
FIBA : Quelles sont vos impressions sur la façon dont l’Australie a joué jusqu’à présent dans ces championnats du monde ? Quelles sont les équipes qui vous ont le plus impressionnées ?
Il y a encore beaucoup de faire avant de pouvoir dire que l’on pratique un beau jeu. Nous devons améliorer notre réussite sur les premiers tirs, ainsi que notre capacité à tempérer : nous nous précipitons encore trop.
La Chine a beaucoup progressé. Elles ont beaucoup profité des conseils et influences venus de l’étranger. Il y a beaucoup plus de sens et d’à propos dans leur jeu. La Belgique m’a également beaucoup impressionné. Elles ont un excellent esprit d’équipe et jouent très bien ensemble. Pour être totalement honnête, je n’ai pas vu les équipes de la poule A. ce n’est pas ce qui m’était demandé.
LOC