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21 - 29
July 2018
20/07/2018
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Rupert suit-elle les traces de Sandrine Gruda ?

MINSK (FIBA U17 Women’s Basketball World Cup 2018) - Tous les regards seront tournés vers Iliana Rupert lors de la Coupe du Monde féminine U17 FIBA 2018, elle qui est considérée par beaucoup comme l'élément clé pour permettre à la France de monter sur le podium.

L'élégante joueuse a grandement contribué au titre conquis par les Françaises l'an dernier au Championnat d'Europe féminin U16 FIBA, à domicile. Pour réussir à s'illustrer de la sorte au sein d'une génération comportant des filles comme Zoé Wadoux ou Marine Fauthoux, pour ne citer qu'elles, il fallait évoluer à un très haut niveau.

Le bonheur à la maison et la mission à Minsk

En repensant à ce chapitre glorieux et émotionnel de sa carrière naissante, Rupert se laisse envahir par l'excitation, celle-ci même qui l'habite au moment d'aborder le tournoi à Minsk.

"C'était un sentiment incroyable. S'imposer à domicile n'est pas donné à tout le monde, c'est quelque chose qui restera gravé en moi pour toujours," s'enthousiasme-t-elle.

"Nous sommes arrivées à maturation et nous savons que nous avons un grand potentiel, mais nous sommes également conscientes que cela ne suffit pas. Nous essayons en permanence de nous surpasser pour faire mieux que la fois précédente et nous sommes de vraies compétitrices.

"Je suis très heureuse et fière de pouvoir prendre part à cette Coupe du Monde féminine U17 FIBA. C'est une fantastique occasion pour seulement un nombre limité de filles.

"J'espère que nous serons prêtes à évoluer à notre [vrai] niveau en Biélorussie. Nous prenons toujours les matches les uns après les autres, sans ne jamais sous-estimer nos adversaires. Je pense que c'est ce qui a fait notre force l'année passée. Pourvu qu'il en aille de même cette fois. Dans ce genre de compétition, tous les matches sont différents et nous devons nous attendre à tout," ajoute Rupert.

Interrogée sur la clé du succès pour son équipe, la joueuse de 1.93m répond sans hésitation.

"Avant tout, nous sommes une équipe qui mise sur la défense. C'est notre marque de fabrique et nous nous reposons sur elle en toute circonstance," souligne-t-elle. "En attaque, nous sommes une équipe polyvalente : nous avons des filles qui peuvent tirer, pénétrer, jouer dans la raquette, créer pour les autres. Je pense que cette polyvalence est l'un de nos meilleurs atouts."

À titre individuel, Rupert indique rapidement les aspects du jeu sur lesquels elle travaille le plus.

"Je peux jouer à l'aile et au poste, je suis aussi à l'aise dos au panier que face à lui. Je suis adroite à 2 et 3 points. Quand je m'entraîne, j'insiste sur la condition physique, car pour que je puisse exprimer au mieux mes qualités, il faut que je joue de manière très intense. C'est donc sur ça que j'axe le plus mes entraînements."

Le futur des Bleues

En août dernier, Rupert était repartie du Prado de Bourges avec le titre de MVP entre les mains. Alors que la chaude ambiance retombait lentement, la jubilation et l'anticipation avaient vite gagné les esprits : et si Rupert et sa génération de joueuses françaises s'installaient vers les sommets de la hiérarchie du basketball féminin pour un long moment ?


L'ancienne internationale française Emmeline Dongue remettant le ballon Molten doré récompensant la MVP du tournoi à Bourges

Même s'il semble prématuré de le faire, certains observateurs n'ont pas manqué de voir en Rupert 'la prochaine Sandrine Gruda’.

Tout ce que la jeune étoile montante a réalisé jusqu'à présent apparaît en effet pointer dans cette direction. Comme c'est le cas pour des athlètes qui possèdent autant de talent, de qualités techniques, de leadership et un tel sens inné du jeu, rien ne pourra l'arrêter si elle écoute, apprend et travaille dur.

Il faut noter que Rupert n'est qu'une parmi plusieurs intérieures françaises qui ont le potentiel pour jouer au plus haut niveau.

Ces dernières années, ce sont plutôt des arrières qui se sont illustrées, telles Olivia Epoupa ou Marine Johannes.

Prenez-en bonne note, puisque d'ici la fin du prochain cycle olympique (2020), Sandrine Gruda aura 33 ans, Endy Miyem 32, Helena Ciak 30 et l'incontournable Isabelle Yacoubou sera depuis un bon moment à la retraite. Oui, la voie est libre pour Rupert, même s'il lui reste du chemin à parcourir pour prendre le relais. Alexia Chartereau aura pour tâche de motiver les troupes - elle qui était une adolescente lorsqu'elle est passée des juniors en seniors et qui est issue des mêmes cercles 'jeunesse' que Rupert.

Retour au Prado

Quoi qu'il arrive à Minsk, Rupert pourra sceller son statut d'étoile montante du basketball européen, voire mondial, en découvrant l'EuroLeague Women. Elle s'est en effet engagée avec Bourges Basket, champion de France en titre.

Cela signifie que le terrain où elle est montée sur la plus haute marche du podium l'an passé et où elle a reçu en passant la récompense de MVP de la compétition sera désormais sa nouvelle maison. Elle retrouvera également Chartereau.

"Je suis très contente et fière de jouer pour cette équipe. Je sais que ce sera difficile au début, mais c'est justement pour cela que j'ai signé à Bourges," explique Rupert.

"J'espère vraiment que j'aurai l'occasion de m'exprimer, que ce soit en championnat de France ou en EuroLeague Women."

Some great memories 🙌🏽 #bwbglobal

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En revenant au Prado, Rupert démontre qu'elle est animée d'une grosse ambition. Bien qu'elle soit jeune, la pression et les attentes ne lui font pas peur. C'est plutôt bon signe et elle a déjà étonné pas mal de monde durant le camp Basketball Without Borders (BWB), ainsi qu'en servant de sparring-partner pour la sélection française senior en vue des Éliminatoires pour l'EuroBasket féminin FIBA 2019.

La tragédie qui lui sert de source de motivation

Même si Rupert semble avoir actuellement le monde à ses pieds, son chemin a été semé d'embuches, dont une tragique : alors âgée de 11 ans, elle a dû faire face au décès de son père.

"J'ai choisi le basketball parce que mon père était joueur professionnel, j'ai grandi sur les terrains de basket," précise-t-elle.

"Au début, je m'amusais simplement avec mes copines. Puis j'ai réalisé que j'avais les moyens de faire quelque chose. Ma mère est ma plus grande source d'inspiration, tant dans la vie que dans le basketball. Mon père aussi m'influence énormément. Il me donne du courage, c'est pour lui que je fais tout ça."

Cette tragédie familiale sert clairement de motivation pour Rupert dans cette aventure. Mais il est évident que ce malheur ne la définit pas. Il aide à la façonner tout au plus.

Elle arrive gentiment à se débarrasser de cette étiquette de 'la fille de', tout comme elle ne souhaite pas être considérée comme la 'prochaine Sandrine Gruda'.

Elle, c'est Iliana Rupert - une jeune basketteuse extrêmement talentueuse qui est en train de se faire un nom et qui inspirera à n'en pas douter beaucoup de fierté à ses parents et au basketball français.

FIBA