DAKAR (Senegal) - La durée de la carrière d'une athlète féminine est souvent considérée comme courte, mais pour cinq des femmes engagées au FIBA Women's AfroBasket 2019, cela fait presque deux décennies qu'elles jouent au plus haut niveau, défiant le temps. 

Dans un environnement qui est lentement, mais sûrement, en train de s'adapter au fait que des femmes peuvent être des athlètes à plein temps, loin des stéréotypes culturels et religieux, ces héroines s'illustrent par leur constant engagement et leur éternelle excellence au sommet.

L'âge n'est qu'un chiffre. Pour elles, le travail et l'humilité sont les éléments qui comptent le plus après le soutien inconditionnel de leurs proches, des responsables d'équipe, du gouvernement et des fans passionés par le basket féminin, le tout avec ses succès et parfois ses échecs. 

Ngiendula Filipe (Angola) 

Double vainqueure du FIBA Women's AfroBasket avec l'Angola en 2011 et 2013, Felipe est unique. Ayant également gagné la FIBA Africa Women's Champions Cup à quatre reprises avec Inter Clube entre 2010-2016, elle est la joueuse africaine la plus titrée, tant en club qu'en équipe nationale, depuis le début du siècle. 

Filipe participe à son huitième FIBA Women's AfroBasket consécutif et de décrire ce record comme incroyable ne serait pas lui rendre complètement justice. 

Sa timidité sur le terrain et en dehors fait qu'elle passe presque inaperçue, si ce n'est que ses prestations ne peuvent qu'attirer l'attention. Elle donne l'impression d'être une solitaire, ne s'exprimant que très rarement, mais celles qui l'ont côtoyée dans les raquettes s'en souviennent toujours. 

Ngiendula est la joueuse africaine la plus titrée depuis 2000

À 37 ans, elle appartient aux joueuses les plus expérimentées présentes à Dakar, où elle a affiché des moyennes de 8 points, 4.8 rebonds et 0.7 assists par match. Elle a joué un rôle prépondérant dans la qualification de l'Angola pour le tournoi de pré-qualification Zone Afrique pour les JO de Tokyo 2020, qui se disputera en novembre. 

Filipe a également pris part aux JO de Londres 2012 et à la Coupe du Monde Féminine FIBA 2014 en Turquie. 

Astou Traore (Sénégal) 

Âgée de 38 ans, Traore participe cette année à son septième FIBA Women's AfroBasket et elle a la chance de le faire à domicile, où elle espère bien gagner un second titre continental. 

Du haut de son 1.83m, la star du Sénégal a fait ses débuts en 2005 à Abuja (Nigeria), guidant son équipe vers le deuxième rang final. Elle avait été à cette occasion la meilleure de sa sélection avec des moyennes de 13.3 points et 6 rebonds en six matchs.

Ce tournoi a marqué sa véritable éclosion, trouvant même une place dans le "5 majeur" de la compétition. 

Le Sénégal a toutefois perdu la finale de 2007 contre le Mali et Traore n'était pas présente au sein de l'équipe du Sénégal titrée en 2009 à Madagascar. Traore a vécu une autre grosse déception en 2011, les Sénégalaises s'inclinant en finale contre l'Angola, finissant ensuite au 3e rang deux ans plus tard. 

La consécration est enfin venue en 2015, année d'un premier sacre continental qu'elle n'oubliera jamais.

En battant le Cameroun, hôte du tournoi, sur le score de 81-66, les Sénégalaises ont remporté leur 12e titre, même si la défense de celui-ci deux ans plus tard au Mali allait s'avérer un crève-cœur, avec une défaite 65-48 contre le Nigeria. 

Mais cette édition 2019 lui offre la chance de prendre sa revanche et d'offrir aux fans locaux un titre à domicile, ce qui serait une première depuis 1993, lorsque Traore n'avait que 12 ans.

Traore, MVP de l'édition 2017, est encore et toujours la meilleure Sénégalaise avec des moyennes de 15.8 points et 8.8 rebonds dans le tournoi actuel. 

Leia Dongue (Mozambique) 

Cela fait depuis une décennie que Dongue est la meilleure basketteuse du Mozambique et les stats sont là pour en attester. 

Sa capacité à pénétrer et à prendre le meilleur sur ses adversaires font d'elle une joueuse redoutable et redoutée. Elle figure à chaque fois parmi les plus efficaces des compétitions auxquelles elle participe et 2019 le confirme à nouveau. 

Dongue a disputé son premier FIBA Women's AfroBasket en 2009, à l'âge de 18 ans. Elle y a tourné à 9.4 points de moyenne par match, le Mozambique prenant le 6e rang du tournoi biennal, se faisant ainsi remarquer d'entrée de jeu sur la scène continentale. 

Elle a ensuite pris part aux éditions 2011 et 2013, a manqué celle de 2015 à Yaoundé (Cameroun), puis a fait son retour en 2017, conduisant son équipe en demi-finale, comme cette année. 

Dongue a figuré dans le "5 majeur" de l'édition 2017 à Bamako (Mali)

Elle a également participé au Tournoi de Qualification Olympique Féminin FIBA 2012 à Ankara (Turquie), mais le Mozambique n'était pas parvenu à se qualifier pour les JO de Londres 2012. 

En 2014, Dongue a réalisé son rêve de disputer une Coupe du Monde Féminine, en Turquie : un souvenir inoubliable sur la plus grande scène internationale. 

Dongue affiche actuellement à Dakar des moyennes de 14.3 points et 7.8 rebonds. Ses 25 points et 9 rebonds ont mené le Mozambique au succès (80-66) contre l'Égypte en quarts de finale, avant de passer tout près vendredi soir d'une victoire retentissante contre le Sénégal. Le Mozambique a toutefois dû s'avouer vaincu (60-57). 

Kani Kouyate (Côte d'Ivoire) 

Brillante au sein d'une sélection ivoirienne qui a gagné sa place parmi les meilleures du continent africain, Kouyate a toujours donné son maximum au FIBA Women's AfroBasket. 

Kouyate, sœur de sa coéquipière Mariama Kouyate, est la pièce maîtresse de l'équipe nationale de Côte d'Ivoire. Son leadership est sans égal, tout comme son expérience.

Elle inspire énormément de respect autour d'elle, comme ses passages dans la formidable Dakar Arena le prouvent à chaque fois. Qu'elles parlent portugais ou anglais, ses adversaires ne manquent jamais de lui en témoigner. 

Kouyate est le cœur de la sélection ivoirienne

Sa rapidité et sa capacité à prendre les bonnes décisions sont les principaux atouts de cette joueuse très expérimentée. Elle assure l'équilibre au sein de sa sélection nationale, en pleine transition générationnelle avec les arrivées des jeunes Safietou Kolga, Mariam Gnanou, Irene Bognini et Hana Mabelle Amani.

Kouyate a tourné à 8.8 points et 6 rebonds de moyenne dans le tournoi et même si la Côte d'Ivoire n'a jamais remporté le FIBA Women's AfroBasket, sa participation à six éditions est un remarquable accomplissement, surtout que son pays a raté l'édition 2015.

Kouyate fait assurément partie des grands noms du basket féminin africain. Quand on lui demande si elle songe à prendre sa retraite, elle est prompte à répondre que celle-ci n'est même pas envisagée. 

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