×
26 juillet, 2021
08 août
09/01/2021
News
Lire

La parole à nos experts : qui pour mettre en danger la suprématie des USA ?

MIES (Suisse) - Le Tournoi olympique Féminin de Tokyo n'aura lieu que dans six mois, mais nous avons tout de même demandé à nos experts de se prêter au jeu des pronostics. 

S'ils sont chanceux, nous leur donnerons une occasion de les revoir un peu avant l'événement, mais pour l'heure, ils doivent se jeter à l'eau avec courage, ce d'autant que pas mal de choses peuvent encore se passer d'ici le début de la prochaine olympiade qui se déroulera dans la capitale japonaise.

Shona Thoburn est une ex-olympienne avec le Canada, une assistante-coach à Basket Landes en EuroLeague Women, ainsi qu'une commentatrice bien connue des tournois majeurs de la FIBA. Pour sa part, l'éditorialiste de la FIBA Sajjatam Kulsomboon défend fièrement le basket de sa région et d'Asie. Enfin, Paul Nilsen, spécialisé dans le basket féminin pour le compte de la FIBA, accepte la pression accompagnant cet exercice relativement périlleux à de longs mois des JO, soulignant y prendre du plaisir avant tout.

Voici les réponses qu'ils ont données à nos questions, alors que le compte à rebours conduisant aux JO de Tokyo continue de s'égréner.

Quelle est la joueuse que vous vous réjouissez le plus de voir à Tokyo ?

Shona Thoburn : Je suis partagée entre la Belge Emma Meesseman et la Japonaise Nako Motohashi. Meesseman est probablement l'une des meilleures joueuses actuelles. Elle a été élue MVP des finales de WNBA et elle a remporté de nombreux titres d'EuroLeague Women, et elle a figuré dans le "5 majeur" de la Coupe du Monde Féminine FIBA 2018. Les fans la verront pour la toute première fois à l'œuvre dans des JO et elle démontrera ses qualités au monde entier. La Japonaise Motohashi est moins connue, mais elle a guidé le Japon vers la médaille d'or de la FIBA Women's Asia Cup 2019, une compétition dont elle a été désignée MVP. C'est une distributrice extrêmement polyvalente et j'imagine que le fait d'évoluer à domicile sera une formidable source de motivation pour elle.

Paul Nilsen : Ce serait plus facile de faire une liste de celles que je ne suis pas impatient de voir ! Liz Cambage, évidemment, car elle a dominé la dernière compétition mondiale en 2018 (Coupe du Monde Féminine FIBA). Capable de tout, elle nous gratifiera peut-être même d'un petit 'coast-to-coast' comme en Espagne. Que le temps passe vite ! Au Japon cet été, cela fera neuf ans depuis ce fameux dunk aux JO de Londres. Entre son grande personnalité et ses aptitudes techniques, son soupçon d'imprévisibilité, sa capacité à dominer et à diviser les opinions, elle est incontournable et je l'adore. Ça se ressent dans mes propos ?

Sajjatam Kulsomboon : J'imagine qu'il serait assez facile de faire une comparaison entre la Chinoise Han Xu et son compatriote Yao Ming pour se réjouir de la voir à l'œuvre. Même si c'est sa taille très imposante qui attire immédiatement l'oeil, ce sont ses aptitudes sur le terrain qui poussent à l'admiration une fois que vous avez pris le temps de la regarder jouer. Elle est dotée d'un sacré toucher et elle se déplace bien. Elle est adroite un peu écartée du panier et surtout, elle est capable de faire le ménage au contre grâce à son bon timing et à sa rigueur.

Han ne dominera pas immédiatement la compétition, car elle n'aura que 21 ans au moment de disputer ses premiers JO, mais il sera intéressant de découvrir un peu mieux celle à qui on prédit un futur très prometteur. Sa personnalité si attachante fait que vous ne pouvez que lui souhaiter le meilleur.

Quelle équipe nationale pourrait dépasser les attentes et surprendre tout le monde ?

Shona Thoburn : Je pense que le Japon va surprendre la planète basket grâce à l'avantage du terrain et au changement du format olympique (qui pourrait profiter à une équipe avec un banc moins profond). Ce dernier permet d'accéder au podium en ne jouant que six matchs. Depuis que le coach Tom Hovasse a pris les commandes de la sélection, le Japon a prouvé qu'il pouvait rivaliser avec toutes les nations, en particulier si l'adresse extérieure est au rendez-vous. Les Japonaises pratiquent un jeu très rapide et très séduisant à regarder. Ma seule inquiétude pour elles est le manque de présence sous les paniers.

Paul Nilsen : Après les Tournois de Qualification Olympique Féminins FIBA, j'ai écrit un édito disant qu'il y avait 8-9 prétendants au podium en plus des USA. J'ai le sentiment que les gens oublient un peu la Chine. Imaginez à quel point il sera motivant pour les Chinoises de frapper un grand coup dans le jardin de leurs éternelles rivales. La Chine est talentueuse et ses intérieures - notamment Xu Han et Yueru Li - sont à mon avis un peu sous-estimées. Ajoutez à cela la polyvalence du bijou Meng Li : la Chine pourrait être extrêmement dangereuse et elle sera à n'en pas douter un adversaire coriace.

Sajjatam Kulsomboon : J'apprécie tout cet amour pour les équipes asiatiques... et je vais abonder dans ce sens. La Chine mérite clairement plus d'attention, de par son équilibre entre jeunesse et expérience à tous les postes. Ceci est peut-être aussi dû au fait que le Japon est champion en titre de la FIBA Women's Asia Cup. Les résultats de la Chine ces deux dernières années ont été superbes. Elle n'a perdu que contre le Japon (71-68) en finale de l'Asia Cup, après avoir battu l'Australie en demi-finale. De plus, elle a également battu l'Espagne dans son Tournoi de Qualification Olympique Féminin FIBA.

Définitivement de bonnes raisons de s'en méfier.

À l'opposé, quelles équipes voyez-vous rencontrer plus de difficultés que prévu ?

Shona Thoburn : Il est possible que l'Espagne vive une année difficile. Avec la retraite internationale de Marta Xargay et une ossature un peu vieillissante et en proie aux blessures ces dernières années, c'est peu-être la fin de la série de médailles obtenues par les Espagnoles dans les compétitions majeures. Ceci dit, l'Espagne peut s'appuyer sur un coach (Lucas Mondelo) qui sait gagner et retirer le meilleur de ses joueuses. On verra bien ! Il se peut que je me trompe complètement.

Paul Nilsen : Il est délicat de désigner quelqu'un, mais je pense en effet que les Espagnoles sont un peu plus vulnérables que d'habitude. Mais c'est absurde de sous-estimer une équipe avec Lucas Mondelo à sa tête, parce qu'il trouve toujours un moyen de gagner. Je les admire énormément. Or on ne peut ignorer la retraite prématurée de Marta Xargay. De plus, toutes les joueuses les plus expérimentées ont une année de plus et il ne fait aucun doute qu'elles donneront tout lors du FIBA Women's EuroBasket 2021 qu'elles co-organiseront. Elles vont adorer me donner tort et le retour de la brillante Alba Torrens pourrait les amener jusque sur le podium. L'équipe manque toutefois de profondeur à l'intérieur, ce qui ne pardonne pas à ce niveau. Je m'attends déjà à ce que le super Lucas Mondelo m'attrape au tournant !

Sajjatam Kulsomboon : Pour le plaisir de prendre tout le monde par surprise, je vais dire les USA. Ceci ne veut (évidemment) pas dire que les Américaines ne repartiront pas avec la médaille d'or, mais les attentes sont telles que je me dois de les désigner. Après être montées sept fois (!) sur la plus haute marche du podium, on attendra d'elles non seulement qu'elles décrochent l'or, mais en plus qu'elles écrasent la concurrence, et ça, ça risque d'être compliqué.

Avec l'élévation du niveau et l'éclosion de nouveaux talents aux quatre coins du monde, il me paraît très probable que quelques équipes donneront pas mal de fil à retordre aux USA.

Qui terminera meilleure marqueuse du Tournoi olympique Féminin ?

Shona Thoburn : Personne n'est en ce moment aussi redoutable que l'Australienne Liz Cambage - et de loin !

Paul Nilsen : J'adorerais voir une Japonaise ressortir du lot, car ce serait passionnant pour le public local (si les fans sont admis dans les salles), mais le Japon pratique un jeu tellement collectif que cela paraît peu probable. La Belge Emma Meesseman et l'Australienne Liz Cambage sont des incontournables. Mais je vais opter pour la Portoricaine Jennifer O'Neill (pour autant qu'on parle bien de la meilleure moyenne de points par match et non pas du total de points marqués). Il faudra qu'elle se libère totalement et si la réussite est au rendez-vous, elle s'illustrera.

Sajjatam Kulsomboon : J'aime bien avoir l'air intelligent, alors je vais choisir la simplicité en désignant l'Australienne Liz Cambage. Elle a été meilleure marqueuse à Rio en 2016 et à la Coupe du Monde Féminine FIBA 2018. À 29 ans, elle monte encore en puissance.

Je ne vais pas affirmer que je suis confiant avec ce pronostic, mais je dis juste que si je dois choisir entre Liz Cambage et n'importe quelle autre joueuse présente aux JO  pour finir en tête du classement des marqueuses... j'opte quand même pour Cambage.

Quelle équipe nationale montera sur la plus haute marche du podium à Tokyo ? On pourrait accorder des points supplémentaires à ceux suffisamment audacieux pour ne pas dire les USA...

Shona Thoburn : Ma réponse à cette question pourrait changer au moment où les groupes seront annoncés, mais pour le moment, je reste avec... les USA, qui sera l'équipe à battre. Le Japon décrochera l'argent si les dieux du basket sont avec lui. Il pourrait imiter le parcours de l'équipe de France en 2012 ! Pour le bronze, j'hésite entre le Canada et la France. Pour moi, c'est du 50-50 entre ces deux nations, ce qui me fait de la peine, car les deux sélections sont talentueuses et expérimentées. 

Paul Nilsen : Je vais prendre les points de bonus et dire que pour la première fois depuis 1992, ce ne sera pas les USA. Allez, après tout ce que le monde à dû endurer en 2020, j'ai besoin de vivre un conte de fées en 2021. Je n'ai rien contre les USA et il est fort probable qu'ils décrochent l'or - à genre 90 % tellement les Américaines sont les favorites. Mais ce serait quand même fantastique de voir le Japon monter sur la plus haute marche du podium et je choisis de suivre mon cœur plutôt que ma raison, même si les deux graves blessures (déchirure du ligament croisé antérieur du genou) du duo composé de Tokashiki et de Motohashi - deux de leurs leaders - les ont rendu incertaines pour la compétition de cet été. L'Australie, la France ou même le Canada et la Belgique ont leurs chances. Je vois d'ailleurs bien cette dernière s'emparer du bronze. Mon pronostic est suffisamment complet ? En fait, si les USA ne gagnent pas, je récolterai toutes les louanges, ce qui me paraît assez juste !

Sajjatam Kulsomboon : Je vais me montrer gourmand. Si je peux cumuler des points supplémentaires, je tente le coup, même si je ne sais pas à quoi ils pourront servir. Donc, si je dois choisir une autre équipe que les USA, j'opte naturellement pour celle qui lui a causé le plus de problèmes au fil des années, à savoir l'Australie. Les Opals sont très équilibrées et en plus d'être bien coachées par Sandy Brondello, elles peuvent s'appuyer sur l'une des joueuses les plus dominantes du basket féminin en la personne de Cambage.

Je ne désigne toutefois l'Australie que pour essayer de gagner des points de bonus, avec les USA en argent et l'Espagne en bronze.

FIBA