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24 août, 2021
05 septembre
03/09/2021
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Liz Mills en pionnière

 KIGALI (Rwanda) - Elle est venu, elle a vu, et elle a - presque - vaincu.

L'Australienne Liz Mills est devenue la première femme à coacher une équipe masculine - celle du Kenya - dans une compétition continentale lors du FIBA AfroBasket 2021 actuellement en jeu à Kigali (Rwanda).

Mills a guidé les "Morans" vers un succès contre le Mali et la participation au tour qualificatif pour les quarts de finale, passant de très peu à côté de la qualification avec une courte défaite contre le Soudan du Sud (58-60).

Non, le Kenya, classé au 111e rang du 'FIBA World Ranking Men, présenté par Nike', n'a pas atteit le podium. Mais il a assurément gagné le respect et l'admiration de tout le monde en Afrique grâce à sa combativité de tous les instants, parvenant presque à effacer un retard de 20 points pour surprendre le Soudan du Sud en toute fin de match.

Mills a prouvé qu'une femme peut avoir du succès avec une équipe masculine dans le tournoi le plus relevé du continent africain.

« Il y a beaucoup de jeunes filles et de femmes qui me contactent pour me dire "Tu es l'exemple dont nous avons besoin" », dit-elle.

Mills n'a pas seulement coaché le Kenya, elle a aussi ouvert une nouvelle voie pour les femmes. Le parcours a été très exigeant.

« J'essaie d'être le plus visible possible, même si je n'aime pas les réseaux sociaux, dit Mills, car je veux que les femmes et les filles puissent se dire que "si Liz peut le faire, je peux le faire aussi", surtout dans un tel environnement. Le FIBA AfroBasket est un univers dominé par les hommes, je souhaite donc qu'ils fassent preuve de plus d'ouverture envers les femmes. Ils en sont capables. La voie a été ouverte. »

Mills espère que son expérience aidera d'autres femmes à être considérées équitablement lorsqu'elles postuleront pour des postes comme le mien dans le monde du sport masculin.

« Il n'y a plus d'excuse dorénavant, note-t-elle, j'ai ouvert une porte et je veux que davantage de femmes en franchissent le palier. »

« LE KENYA A MÉRITÉ SA PLACE ICI ET MOI, EN TANT QUE FEMME, J'AI AUSSI MÉRITÉ D'ÊTRE LÀ. »- Liz Mills


Ce qui est évident à Kigali cette année, c'est que Mills est extrêmenet respectée par ses collègues coachs.

« Cela fait 10 ans que je suis sur le continent africain et que j'ai été adoptée par les joueurs et les coachs africains, indique-t-elle, c'est plutôt le reste du monde qui semble surpris par cette situation.

« Quand je suis arrivée à l'hôtel l'autre soir (avant le début de la compétition), les coachs de l'Égypte et de la Tunisie m'ont souhaité la bienvenue. Comme ils sont d'Afrique du Nord, je m'étais attendue à ce que ce soit avec eux qu'il y ait le plus de problèmes, mais ils sont venus vers moi pour me dire "Wow, c'est génial que tu sois là". »


« Et j'ai coaché contre de nombreux autres, ils me connaissent et ils n'y voient rien de particulier. »

En d'autres termes, Liz Mills est juste coach, comme eux.

«J'ai été complètement acceptée par les joueurs et les coachs », souligne-t-elle.

Mills a été assistante-coach avec la Zambie, ratant de peu la qualification pour le FIBA AfroBasket 2017, et avec le Cameroun durant les Éliminatoires Zone Afrique de la Coupe du Monde FIBA 2019.

Elle a pris les commandes du Kenya au début de cette année et elle a conduit les "Morans" vers une première qualification pour la compétiton continentale majeure depuis 28 ans. L'équipe a obtenu son billet pour Kigali grâce à un succès 74-73 contre l'Angola, sacré 11 fois champion d'Afrique, le 20 février. Avec cette qualification pour le FIBA AfroBasket 2021, le Kenya s'est également assuré de participer aux Éliminatoires de la Coupe du Monde FIBA 2023.

« C'est à ce moment-là que j'ai compris que c'était sérieux, déclare-t-elle au sujet de la victoire contre l'Angola, cela a été un lourd fardeau à porter. Je veux juste que les gens respectent ce que nous, l'équipe nationale du Kenya, sommes en train d'accomplir, indépendamment des résultats, et qu'ils comprennent que des femmes sont capables de coacher au plus haut niveau. Nous allons continuer à repousser les barrières imaginaires. Le Kenya a mérité sa place ici et moi, en tant que femme, j'ai aussi mérité d'être là.

« En 2012, j'ai dit que je voulais devenir la première femme à coacher au FIBA AfroBasket. Je participais alors à mes premières compétitions de clubs de la Zone 6 et j'ai vu les Angolais. Je me suis dit "Je vais les battre un jour".

« Il m'a fallu neuf ans pour y arriver, mais nous avons remporté notre confrontation dans les Éliminatoires et j'ai pu réaliser ce rêve en étant la première femme à prendre part à cet événement. J'ai passé de nombreuses années à m'y préparer, c'était donc une sensation assez irréelle, mais je suis fière. »

Mills a vécu et respiré le basket kenyan toute l'année, y compris cet été lorsqu'elle a préparé l'équipe en vue du FIBA AfroBasket.

Elle tient à dédier ce qu'elle a réussi à accomplir à sa sœur jumelle Victoria, présente à ses côtés à Kigali.

« Je ne serais pas ici aujourd'hui sans ma sœur, insiste-t-elle, ni sans mes parents et mes amis. Ils m'ont toujours poussée en avant, surtout après l'échec de 2017 avec la Zambie, quand je me disais que ma carrière de coach prenait déjà fin. C'est eux qui m'ont remis d'aplomb. »

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