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26 juillet, 2021
08 août
14/02/2020
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Torrens : une affaire de mentalité

MADRID (Spain) - Ce n'est pas uniquement à cause de son talent qu'Alba Torrens, élément clé de l'équipe nationale d'Espagne qui ira au Japon cet été et championne d'Europe en titre, est cataloguée parmi les meilleures joueuses du monde actuelles.

Avec ce nouveau billet pour les JO en poche, l'ailière révèle son appétit pour les succès jamais assouvi et sa détermination à poursuivre sur la lancée du Tournoi olympique féminin de Rio, dont les Espagnoles ont disputé la finale.

La compétition de Tokyo survient douze ans après ses débuts à Beijing, où elle avait Laura Nicholls, Tamara Abalde et l'incontournable Laia Palau comme coéquipières. Cette dernière et Torrens ont porté l'Espagne vers des sommets jusque-là jamais atteints.

Entre les nombreux titres au FIBA Women's EuroBasket et la première participation à la finale de la Coupe du Monde Féminine FIBA en 2018, en passant par l'accès au dernier carré des JO il y a quatre ans, l'aventure a été riche en émotions. 

Derrière tout ça, il y a un état d'esprit bien précis et particulier.

"NOUS AVONS SU MONTRER NOTRE CARACTÈRE ET NOS VALEURS… CETTE ÉQUIPE A TOUJOURS RESPECTÉ NOTRE SPORT." - Torrens

 "Avec Laia, cela fait très, très longtemps que nous évoluons en sélection ensemble. Nous nous connaissons parfaitement," sourit Torrens.

"C'est vraiment cool et nous sommes devenues des amis, ce qui est d'ailleurs souvent le cas quand vous partagez de telles expériences. Nous avons toutes deux repoussé nos limites et nous avons tant vécu ensemble - et c'est ainsi que vous provoquez de belles choses et que la magie opère.

"Le plus important pour nous, les joueuses, et pour l'équipe, c'est que nous sommes parvenues à nous maintenir au sommet, même si les résultats ne l'ont pas toujours traduit. Mais tout se joue parfois à si peu, un panier peut tout changer.

"Nous sommes passées par des moments très difficiles et nous avons su montrer notre caractère et nos valeurs. L'une des choses les plus importantes est la manière d'approcher le tout et cette équipe a toujours respecté notre sport.

"Peut-être qu'un jour, les résultats ne seront pas ceux que l'Espagne attend, mais je suis sereine car je sais que, ce jour-là, cette équipe aura donné le meilleur d'elle-même et qu'elle se sera préparée au plus près de sa conscience.

"Le lien qui nous unit va au-delà du basket. Quand nous arrêterons de jouer, nous nous souviendrons de tous les à-côtés et de notre engagement de tous les instants sur le terrain. Je repenserai à la responsabilité que nous avions, au talent à disposition, mais aussi et surtout à ces autres choses et à notre mentalité qui nous ont permis de nous sublimer."


Cela s'est bien vu à Belgrade, où l'Espagne s'est sortie d'un TQOF piégeux suite à la défaite initiale contre la Chine. Elle doit son salut aux succès contre la Corée et la Grande-Bretagne lors des deux matchs suivants.

"Nous savions que cela allait être difficile et que nous devions affronter des adversaires coriaces," souligne-t-elle au terme d'une compétition dont elle a fini dans le "5 majeur".

"Nous ignorions quand nous allions nous qualifier, et même si nous allions y arriver. Mais nous étions prêtes à nous battre pour ça. Une fois notre objectif atteint, je me suis immédiatement mise à penser à nos prochains buts à Tokyo.

“C'est si spécial de participer aux JO," ajoute Torrens.

"C'est vrai que nous avons l'ambition d'être aussi compétitives que d'habitude, mais toutes les équipes qui prendront part au Tournoi olympique seront dures à jouer et il est clair qu'il y en a parmi elles plusieurs qui peuvent nous battre. Nous devrons donc nous entraîner dur et faire abstraction du passé. Il faut selon moi oublier en quelque sorte la médaille que nous avons gagnée à Rio.

"La force de cette équipe est sa capacité à toujours se projeter vers l'avenir, à se lancer de nouveaux défis. C'est grâce à ça que nous avons été si performantes ces dernières années. Nous voulons toujours nous mêler à la lutte pour le titre et évoluer à notre meilleur niveau."

Peu de gens seraient prêts à miser sur l'absence de l'Espagne sur le podium olympique de Tokyo. Ses chances seront d'autant meilleures avec le retour attendu d'Astou Ndour, blessée actuellement et dont la présence sous les paniers a beaucoup manqué à Belgrade.

"Astou est depuis de nombreuses années l'un des piliers de cette équipe," reconnaît Torrens.

"Elle nous apporte la taille, un élément crucial dans les moments les plus chauds. Et en plus de cela, c'est une fantastique athlète. J'espère qu'elle sera complètement remise d'ici le début du tournoi à Tokyo."

Bien qu'elle n'était pas aussi sereine que d'habitude, l'Espagne est tout de même parvenue à assurer l'essentiel en dépit de l'absence de l'une des ses joueuses clés. Torrens elle-même avait manqué le FIBA Women's EuroBasket 2019 suite à une opération et elle avait vécu un peu différemment le sacre continental de l'été passé - ce d'autant qu'elle avait été élue MVP de l'édition 2017.

"C'est vrai que l'année dernière a été difficile à gérer pour moi. La décision de de ne pas porter le maillot national avait été très délicate à prendre," confie-t-elle.

"C'était dur d'arrêter et de me remettre de ma blessure, mais c'était la décision qui s'imposait.

"C'était aussi spécial de suivre ça à distance, j'ai ressenti tellement d'émotions différentes. J'ai beaucoup aimé voir mes coéquipières à la télévision. Je n'avais jamais été dans cette situation auparavant et c'était nouveau pour moi de vivre ça sans être sur le terrain.

"PRENDRE PART AUX JO EST QUELQUE CHOSE D'UNIQUE. C'EST SEULEMENT EN Y PARTICIPANT QUE VOUS COMPRENEZ À QUEL POINT C'EST SPÉCIAL." - Torrens

 
"J'étais si contente pour elles, car ce sont des amies et je sais tous les efforts qu'elles ont consentis et à quel point ce titre a été dur à conquérir. À partir des quarts de finale, je pense que l'Espagne a livré trois des meilleures matchs de son histoire."

Raison pour laquelle son retour en sélection nationale a autant de signification pour elle. Elle se remémore le début de sa carrière et sa première participation aux JO, en Chine.

"Lorsque j'ai pu de nouveau enfiler le maillot national, au premier entraînement, je me suis sentie comme lors de la toute première fois. J'étais très contente et prête à travailler," note Torrens.

"Je me souviens aussi quand à mes 18 ans, j'ai participé aux JO de Beijing. Je suis reconnaissante d'avoir pu vivre ces expériences.

"Prendre part aux JO est quelque chose d'unique. C'est seulement en y participant que vous comprenez à quel point c'est spécial," conclut-elle.

FIBA