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25 juillet, 2021
07 août
23/07/2020
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Emmenée par Cosic, la Yougoslavie a vécu son âge d'or

MIES (Suisse) - La Serbie, la Croatie, la Slovénie, la Macédoine du Nord, la Bosnie-Herzégovine et le Monténégro sont aujourd'hui des États indépendants tous capables de s'illustrer sur la scène internationale, mais l'histoire est là pour nous rappeler qu'il fût un temps où tous ne défendaient l'honneur que d'un seul et unique pays : la Yougoslavie.

Et autant vous dire que la Yougoslavie a aligné de fantastiques équipes au cours des années, avec certains des meilleurs joueurs de tous les temps du basket international.

Il n'y a pas plus grande légende du basket yougoslave que le regretté Kresimir Cosic, joueur le plus capé et au palmarès le plus riche de l'histoire de son pays.

L'intérieur né à Zagreb, qui a fait ses débuts en sélection nationale senior en 1967 et ses adieux en 1983, a participé à 25 compétitions majeures avec le maillot yougoslave (en comptant aussi les participations au niveau jeunesse). Au final, Cosic a obtenu 22 médailles !

"Kreso"  était tellement respecté qu'en 1996, il est devenu le second international - après le Russe Sergei Belov - à être intronisé au 'Naismith Memorial Basketball Hall of Fame'.

Cosic et Drazen Dalipagic, qui ont à de maintes reprises évolués côte à côte en sélection yougoslave, figurent tous deux aux Naismith et FIBA Basketball Hall of Fames. Ils ont joué un rôle prépondérant durant la période faste de l'équipe nationale, entre 1973 et 1980.


La Yougoslavie a pris le second rang des éditions 1961, 1965, 1969 et 1971 du FIBA EuroBasket, avant de s'adjuger le titre continental en 1973, 1975 et 1977. Après ce dernier sacre, les Yougoslaves sont montés sur la plus haute marche du podium de la Coupe du Monde FIBA 1978 à Manille (Philippines) et des JO de Moscou 1980.

En 1973, Cosic et Dalipagic avaient pour coéquipiers Dragan Kicanovic, Zoran Slavnic, Nikola Plecas, Zeljko Jerkov, Vinko Jelovac, Damir Solman, Rato Tvrdic, Milun Marovic, Zarko Knezevic et Dragi Ivkovic. Coachée par Mirko Novosel (aussi aux Naismith et FIBA Hall of Fames), la Yougoslavie s'était rendue en Espagne pour y conquérir son premier FIBA EuroBasket, avec sept victoires en autant de rencontres.

La Yougoslavie lors de son sacre au FIBA EuroBasket 1973

Deux ans plus tard à Belgrade, avec l'intégration des jeunes Mirza Delibasic et Rajko Zizic, la Yougoslavie avait réitéré cette performance en remportant tous ses sept matchs. Chaque joueur était spécial.

La carrière de Delibasic allait plus tard être reconnue avec une intronisation au 'FIBA Hall of Fame', tandis que Zizic est également tenu en haute estime. Zizic est le 2e joueur le plus capé de la sélection yougoslave derrière Cosic. Il compte aussi le 2e plus grand nombre de participations (22) à des compétitions en portant le maillot de la Yougoslavie et il arrive second au total de médailles (21).

En 1975, le match le plus serré de la Yougoslavie avait été la confrontation en finale face à l'URSS. Cosic, auteur de 12 points, avait conduit son pays vers un succès 90-84. Du côté des perdants, Belov s'était mis en évidence en inscrivant 29 points.

Kosic (N° 11) avait aidé la Yougoslavie à décrocher un second titre continental, à Belgrade

En 1977 à Liège (Belgique), la Yougoslavie n'avait pas été parfaite. Elle avait eu besoin des 20 points du distributeur Slavnic pour venir à bout 79-76 de l'Espagne en ouverture de tournoi.

Elle s'était ensuite inclinée contre la Tchécoslovaquie (111-103), mais elle avait alors enchaîné les succès pour conquérir un 3e titre consécutif, cette fois avec le "Professeur" Aleksandar Nikolic aux commandes. Nikolic, intronisé au FIBA Hall of Fame en 2007, est surnommé "le père du basket" au pays, lui qui a cimenté sa réputation en conduisant la Yougoslavie au triomphe en 1977.

La Yougoslavie à l'issue de son 3e sacre consécutif lors du FIBA EuroBasket 1977

En 1978, la Yougoslavie avait débarqué aux Philippines avec l'intention de reconquérir l'or mondial. Les Yougoslaves l'avaient gagné huit ans plus tôt à Ljubljana (alors Yougoslavie), grâce notamment aux prestations de Kosic et de ses 17.3 points de moyenne par match. Dans l'intervalle, quatre ans plus tard en Colombie, la Yougoslavie avait perdu en finale contre l'URSS.

Or à Manille, la Yougoslavie avait cette fois prévalu.

Derrière un brillant Dalipagic - MVP de la compétition - et coachée une nouvelle fois par Nikolic, la Yougoslavie avait gagné tous ses 10 matchs pour capturer le titre.

Elle n'avait cependant remporté ses trois derniers matchs - contre le Brésil (91-87), l'Australie (105-101) et l'URSS (82-81) - qu'avec un écart combiné de neuf points.

Cosic sur la plus haute marche du podium à Manille, le Soviétique Belov sur la seconde

En 1980, cette même génération avait mis un point d'exclamation à la série de triomphes de son pays en décrochant l'or aux JO de Moscou, seule consécration de son pays dans cette compétition.

C'est d'ailleurs à ce jour l'unique fois que la Yougoslavie est montée sur la plus haute marche du podium olympique. La 5e médaille d'or obtenue par cette génération a probablement été la plus importante.

Les USA avaiaient décidé de boycotter cette édition 1980. Les Américains n'avaient jusqu'alors perdu qu'à une seule reprise aux JO, en finale contre l'URSS en 1972.

Ceci ne doit toutefois rien enlever aux remarquables performances d'une Yougoslavie extrêmement bien emmenée par le duo Dalipagic-Kicanovic.

Dalipagic avait marqué au moins 23 points lors de sept des matchs de son pays, et 18 dans le triomphe en finale face à l'Italie (86-77).

Kicanovic, intronisé lui en 2010 au FIBA Hall of Fame, avait été le second meilleur marqueur de sa sélection avec une formidable moyenne de 23.6 points par match.


La Yougoslavie de 1980 avait dû s'employer pour aller au bout de son exploit. Dans le tour préliminaire, elle avait croisé le chemin de l'Espagne de la star montante de 21 ans Juan San Epifanio "Epi" Ruiz, du très remuant Chicho Sibilio et de la vedette américaine naturalisée du Real Madrid Wayne Brabender. À la mi-temps, la Yougoslavie avait été menée au score 50-45, mais elle était parvenue à renverser la situation pour arracher un succès 95-91, grâce notamment aux 25 points de Kicanovic.

Trois rencontres plus tard, dans la phase finale, la Yougoslavie et la Russie s'étaient départagées au terme d'une prolongation à l'issue d'un match palpitant. La Yougoslavie avait semblé tenir son os dans le temps réglementaire (81-77 à 27 secondes de la fin), mais l'intérieur Ratko Radovanovic avait alors raté trois lancers francs consécutifs. À l'époque, un joueur ayant subi une faute sur un tir - raté - pouvait manquer le premier lancer franc et malgré tout disposer encore de deux essais.

Les Soviétiques avaient égalisé à 81-81 dans une salle en plein délire, mais Dalipagic avait relancé son équipe en inscrivant six points de suite au début de la période supplémentaire. La Yougoslavie s'était finalement imposée 101-91. Du côté des vaincus, Belov avait terminé la partie avec 20 points.

Toujours durant cette phase finale, la Yougoslavie était passée tout près de la défaite contre le Brésil. Un succès contre les Brésiliens lui offrait une finale contre l'Italie, alors qu'une défaite lui donnait le redoutable honneur de défier à nouveau les Russes.

La Yougoslavie l'avait finalement emporté, non sans souffrir sous les coups de boutoirs du jeune Oscar Schmidt (22 ans), auteur de 33 points dans la victoire contre l'Italie au match précédent.

Le Brésil avait atteint la mi-temps avec une légère avance (49-47), mais il s'était retrouvé mené d'un point à trois secondes de la fin du match. La Yougoslavie avait alors tenu bon (96-95), grâce notamment aux 26 points et 7 rebonds de Dalipagic. Oscar Schmidt avait fini la partie avec 22 points à son compteur.

Face à l'Italie en finale, la Yougoslavie avait gagné 86-77. Kicanovic, blessé en cours de rencontre, avait dû quitter la salle pour se rendre à l'hôpital.

Slavnic portant haut la médaille destinée à Kicanovic

Slavnic, connu pour ses qualités de leader et également intronisé au FIBA Hall of Fame, avait récupéré et exhibé sur le podium la médaille d'or de Kicanovic. La Yougoslavie était devenue à cette occasion seulement la 3e nation à remporter l'or olympique depuis 1936.

Beaucoup de joueurs et de coachs de cette génération dorée yougoslave sont considérés comme des légendes dans leur pays.

Trois autres joueurs détiennent un sacré palmarès en équipe de Yougoslavie : Ratko Radovanovic (19 compétitions - 18 médailles), Kicanovic (19 compétitions - 18 médailles) et Dalipagic (18 compétitions - 17 médailles).

Ranko Zeravica, qui a coaché la Yougoslavie couronné pour la première fois sur la scène mondiale en 1970 à Ljubljana et lors du sacre olympique de 1980 à Moscou, figure également au FIBA Hall of Fame.

En gagnant cinq titres majeurs entre 1973 et 1980, cette génération yougoslave a fait rêver comme jamais ses fans et elle a accompli ce qui reste encore aujourd'hui l'une des plus impressionnantes séries de l'histoire du basket international.

FIBA