07/05/2020
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La Nigériane Ogoke se bat pour sensibiliser les gens

NEW YORK (USA) - Idéalement, Sarah Ogoke devrait être en train de s’entraîner quelque part dans la monde avec la sélection nigériane, en vue des JO de Tokyo 2020. Mais, en un rien de temps, tout a changé et désormais, c’est la planète entière qui lutte contre cette pandémie de COVID-19.

Les effets de ce virus se sont fait sentir par tous, mais New York est la ville la plus touchée, avec un total de 19’415 morts - bien plus qu’à Wuhan, lieu d’origine de cette pandémie en décembre 2019. 

"BEAUCOUP DE GENS SONT ENCORE DANS LE DÉNI OU NE SAVENT PAS COMMENT FAIRE POUR ÊTRE EN SÉCURITÉ, ALORS JE ME SERS DES RÉSEAUX SOCIAUX POUR ESSAYER DE LES ÉDUQUER EN ME SERVANT DE MON VÉCU ET DE MES CONNAISSANCES."- Ogoke

Licenciée du New York College of Podiatric Medicine, Ogoke est au cœur du combat et elle prodigue ses conseils pour que les gens restent en sécurité chez eux, notamment en s’assurant de la propreté de leur environnement, en se découvrant de nouveaux hobbies et en venant en aide à leurs familles ou leurs proches. 

Sur ses réseaux sociaux, elle ne cesse de faire passer les informations, soulignant l’importance d’une attitude positive en dépit de la difficulté de cette période qui pousse certaines personnes à la dépression. 

Elle confie à FIBA.basketball : "Beaucoup de gens sont encore dans le déni ou ne savent pas comment faire pour être en sécurité, alors je me sers des réseaux sociaux pour essayer de les éduquer en me servant de mon vécu et de mes connaissances."

 

Élevée par une maman infirmière à plein temps, la chaleureuse Ogoke connaît donc bien la médicine et les sciences.

"J’étais toujours curieuse au sujet du corps humain. Mon père est un anesthésiste, donc ma famille a depuis toujours baigné dans un environnement médical et comme athlète de D1, j’ai passé une licence de biologie au cours de mon premier cycle d’études."

"Mon père est en première ligne comme anesthésiste et il intube quotidiennement des patients atteints par le COVID-19. Je fais ma part en restant simplement chez moi, comme la plupart des gens."

Le papa de Sarah Ogoke, équipé pour lutter contre le COVID-19

Ogoke a dû jongler entre ses études de médecine et sa carrière de basketteuse professionnelle au Portugal et au Nigeria. Elle a remporté deux éditions du FIBA Women’s AfroBasket avec les D’Tigress et une FIBA Africa Women’s Champions Cup au Caire (Égypte) avec Ferroviario de Maputo en 2019, se mettant en évidence tant à titre individuel que collectif. 

"Durant ma 3e année pro, je me suis résolue à faire acte de candidature. Pendant ma période au Portugal et au Nigeria, j’avais avec moi mes livres de préparation au ‘Medical College Admission Test (MCAT)’. Mes coéquipières se demandaient comment je faisais pour étudier entre les séances d’entraînement."

Après avoir gagné le FIBA Women’s AfroBasket 2017 au Mali, j’avais un examen écrit. Col Sam Ahmedu, membre du directoire de la fédération nigériane de basketball, s’est chargé de modifier mon billet d’avion. Je suis partie directement de Bamako à Johannesbourg, direction ensuite le Cap, pour aller passer - et réussir - cet examen."

Ogoke a été déterminante dans l'obtention du titre à l'AfroBasket 2017 au Mali

"J’ai continué à jouer pendant quelques années, car le processus d’admission prend du temps. Une fois acceptée, j’étais contente mais extrêmement nerveuse, ne sachant pas si j’allais parvenir à combiner les deux."

"Alors j’ai appelé mon amie nigériane Seun Adigun, une olympienne et docteur en médecine chiropratique, qui était elle-même aux étudedes au moment de sa qualification pour les JO d’Hiver de Pyeongchang en 2018."

Elle m’a dit : "Ce n’est pas parce que tu vas retourner à l’école que tu dois mettre un terme à ta carrière professionnelle. Tu le fais depuis que tu es une athlète de D1. Ce sera dur, mais les choses les plus gratifiantes le sont en général. Tu vas avoir une opportunité de devenir la première podologue à participer à des JO. Reste concentrée. Visualise la ligne d’arrivée et entoure-toi des bonnes personnes." 

"Quelques mois plus tard, j’ai gagné mon second titre avec le Nigeria, au Sénégal, peu de jours avant ma remise de diplôme de l’école médicale. Moins d’un mois après, alors que je m’efforçais d’équilibrer ma vie académique et mes programmes d’entraînement tout en découvrant la ville de New York, où je réside actuellement, j’ai eu l’honneur de voir mon maillot retiré suite à mon intronisation au Hall of Fame de la Kennesaw State University." 

Sarah Ogoke aux côtés de son papa

La qualification pour les JO de Tokyo 2020 à l’issue du Tournoi de Qualification Olympique Féminin FIBA de Belgrade n’a fait que donner davantage de raisons à Ogoke de continuer à travailler dur et à tout donner. 

La joueuse de 29 ans a choisi de montrer la voie à suivre pour passer au-delà de cette période si difficile. 

Les terrains de basket lui manquent beaucoup, comme à toutes ses coéquipières d’ailleurs. La camaraderie, les exercices en groupe, les fous rires dans les vestiaires et le basket compétitif sont autant de choses avec lesquelles elle se réjouit de renouer. Avec le report des JO de Tokyo à l’année prochaine, des ajustements seront nécessaires. 

Elle souligne : "La décision de repousser d’un an les JO me semble bonne et je vais essayer de me servir de cela pour me libérer l’esprit et atteindre mon plein potentiel athlétique. C’est délicat de s’entraîner, mais je sors quand même pour courir. Nous espérons pouvoir reprendre les entraînements plus tard dans l’année, au fur et à mesure que la situation s’arrangera."

Comme le reste du monde, Ogoke concentre ses efforts sur la conservation d’une bonne santé, en restant chez elle, afin d’être en mesure de retrouver les terrains pour jouer à ce merveilleux sport qu’est le basket aussitôt que la planète aura maîtrisé pour de bon cette pandémie. 

FIBA