29/10/2018
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Chine : Stephon Marbury en mission

XI'AN - Stephon Marbury ne l'avait pas vraiment imaginé comme ça, mais le célèbre basketteur a véritablement bouclé la boucle, de phénomène à Coney Island à Georgia Tech, puis de All-Star NBA à la Chine, où il s'est épanoui tant sur les terrains qu'en-dehors.

Au terme de sa carrière NBA il y a une dizaine d'année, envahi par le doute, Marbury a fait ce que de nombreux maris ont fait avant lui : il a suivi les conseils de son épouse.

"En 2009, ma carrière NBA s'est achevée," dit Marbury aux gens venus l'écouter dans le cadre du 'FIBA World Basketball Summit '. "J'étais à la dérive au niveau émotionnel. Ma femme m'a alors suggéré de tout laisser derrière moi et de quitter la maison pour aller faire ce que j'aime à l'étranger, à des milliers de kilomètres, et je l'ai écoutée.

"Cela a été comme une renaissance. Dieu est grand."

"MON OBJECTIF EST D'AIDER NOTRE SPORT À SE DÉVELOPPER À L'ÉCHELLE MONDIALE ET DE SERVIR DE LIEN ENTRE LES USA ET LA CHINE."- Marbury

En effet, Marbury, qui a joué en NBA avec les Minnesota Timberwolves, les New Jersey Nets, les Phoenix Suns, les New York Knicks et les Boston Celtics entre 1996 et 2009, s'est envolé pour la Chine, curieux de ce qui l'y attendrait. Les premières réponses sont tombées dès son arrivée en Extrême-Orient.

"J'ai eu le temps de beaucoup réfléchir durant le vol entre New York et la Chine, sur ma vie et sur ce que j'en avais fait," se remémore-t-il. "La seule chose dont je me souviens au sujet de mon premier jour en Chine, c'est que j'étais vraiment au plus bas moralement. Mon âme était en peine, j'étais perdu. Quelque chose en moi s'était cassé.

"(Mais) J'étais debout dans l'aéroport et Dieu est apparu à moi. Des milliers de gens que je n'avais jamais vus auparavant étaient là pour m'accueillir dans leur pays. (Donc) Automatiquement, un sourire vient illuminer ton visage."


Depuis, Marbury ne s'est plus jamais retourné.

Il a choisi de saisir des deux mains cette occasion providentielle qui se présentait à lui. Il a retrouvé la magie qui l'avait habité tout au long de sa carrière, des playgrounds de New York aux parquets de la NBA.

Celui qui a brillé aux USA a émerveillé la Chine durant son passage à Shanxi Zhongyu, à Foshan et à Pékin. Il ne s'est pas à proprement parler réinventé sur le terrain, mais il est devenu l'un des athlètes de référence du plus grand pays au monde.

Aujourd'hui âgé de 41 ans, Marbury a décidé de raccrocher ses baskets. Son ultime match s'est déroulé plus tôt cette année avec Pékin, mais il est resté au pays.

Il sait qu'en Extrême-Orient, son parcours en NBA, avec le Team USA - notamment ses 31 points dans la victoire 102-94 contre l'Espagne en quarts de finale des JO de 2004 à Athènes - et avec ses différents clubs chinois lui vaut une belle renommée.

La Chine représente une terre pleine de promesses, non seulement pour Marbury, mais aussi pour les milliers de jeunes basketteurs en devenir qui pourront s'inspirer de lui.

"Mon objectif est d'aider notre sport à se développer à l'échelle mondiale et de servir de lien entre les USA et la Chine via mon programme 'Stronger Me'," dit-il.

'Stronger Me' consiste principalement en un camp de basket au cours duquel Marbury joue les coaches.

"Nous sommes investis d'une mission : cultiver la jeunesse et permettre l'éclosion de joueurs talentueux en Chine pour les générations à venir," explique-t-il.

La présence de Marbury au Summit était très opportune. C'est avec son téléphone mobile dans la main qu'il a récité sa présentation, ce qui est intéressant quand on sait l'importance grandissante des supports mobiles et de la technologie digitale, des thèmes également abordés durant cette toute première conférence du genre, à laquelle participaient la plupart des acteurs du basket mondial.

Il se voit idéalement placé pour favoriser l'essor du basket dans le monde, et en particulier en Extrême-Orient.

"Le basketball sert de lien entre les gens, bien plus que nous ne l'avions imaginé," souligne-t-il. "Toutes les personnnes qui sont ici souhaitent poursuivre ce développement positif. Qu'amène chacun de nous ? Tout le monde (au Summit) apporte sa contribution pour conduire le basket vers le sommet. Grâce à nos efforts conjugués, nous allons conduire ce sport vers un autre niveau."

Parce qu'il a accepté de quitter sa zone de confort, Marbury a eu une sorte de révélation. Quand il repense à 2009, il se souvient de la période difficile qu'il traversait dans sa vie privée.

"J'étais au plus bas et j'avais même des envies suicidaires, malgré ma célébrité mondiale, l'argent, la santé et ma famille comme point d'ancrage. Mais la chose que je n'avais pas et qui me manquait le plus, c'était le bonheur," précise-t-il.

"J'étais tellement malheureux, car mon âme s'était perdue en cours de route. Tout ce qui pouvait mal tourner dans ma vie a mal tourné, et je n'avais aucun contrôle de la situation. Après 13 années passées en NBA, ma carrière s'est terminée. Je n'avais pas eu la fin que j'espérais. Tout allait mal pour moi. 

"Je n'ai pas perdu seulement une ou deux personnes qui m'étaient très proches, mais trois : Don Marbury, mon père, le patriarche de ma famille ; le coach de basket de mon enfance ; et la sœur aînée de ma mère. En l'espace de six semaines, trois personnes qui comptaient énormément pour moi sont décédées.

"Maintenant, je dois admettre que je me suis attiré tout seul certains problèmes. Je n'ai pas été irréprochable. J'ai commis des erreurs, c'est clair. Ai-je  fait preuve d'immaturité ? Oui, bien sûr."

Son déménagement en Chine lui a non seulement permis de se redécouvrir, il lui a également donné l'occasion d'explorer de nouveaux horizons.

"Mon esprit a évolué. Il a changé, et je remercie Dieu pour ça," déclare-t-il.

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